mercredi 24 avril 2013

Ma chronique sur le biomimétisme chez Frédéric Lopez - 24 avril 2013



Le 1er mars 2013, j'avais été invité sur le plateau de l'émission "On va tous y passer" de Frédéric Lopez sur France Inter pour présenter Siècle bleu. Vous pouvez écouter l'émission sur le lien ci-dessous (j'interviens autour de la trentième minute, l'invité principal était le compositeur Vladimir Cosma).


Cela fut vraiment un grand moment de pouvoir parler de mes livres devant une audience aussi vaste (c'est le programme le plus écouté en France à l'heure du déjeuner et la plus grosse émission de France Inter). 


L'équipe de l'émission avait été intéressée par les idées que je développais et par le ton positif avec lequel j'abordais les questions d'écologie et d'énergie. Ils m'ont donc proposé de venir régulièrement présenter mes idées sur ces thèmes.

J'ai donc réfléchi à une liste de thèmes à présenter dans les prochains mois et j'y suis retourné aujourd'hui le 24 avril pour parler du "biomimétisme", processus qui consiste à s'inspirer de la nature pour innover.

Vous pouvez écoutez l'émission d'aujourd'hui ici (l'invité principal était Stéphane Rotenberg... le présentateur de "Top Chef" et "Bachelor"...).



Ci-dessous les notes que j'avais préparées avant l'émission.


Le Biomimétisme - JP Goux - 24 avril 2013




La nature a toujours été une source d’inspiration pour l’homme. C’est par exemple en observant les oiseaux que Léonard de Vinci ou les frères Wright ont eu l’idée de leurs machines volantes. Ce procédé qui vise à imiter la nature pour innover porte un nom : le biomimétisme. Le terme a été popularisé par la chercheuse américaine Janine Benyus, il y a une quinzaine d’années.



Comme je vous le montrerai, la nature a du génie et de nombreuses espèces ont réussi là où nous avons échoué. C’est en s’inspirant d’espèces peu connues que l’homme parviendra peut-être à surmonter les défis du XXIème siècle. 

L'énergie

La gestion de l’énergie constitue avec la reproduction et la recherche de l’alimentation, l’un des grands moteurs de l’évolution. L’énergie provient d’ailleurs souvent de l’alimentation et il est capital pour les animaux d’en faire un usage économe. Là où face à un problème, l’homme invente systématiquement une nouvelle machine énergivore, les espèces animales ont eu une autre approche : elles ont modifié la structure de leur corps.

L'éclairage et la luciole Photuris



L’énergie sert par exemple à émettre de la lumière. Des chercheurs belges, français et canadiens se sont interrogés sur la façon dont les lucioles gèrent leur énergie pour émettre leur lumière. En analysant leur abdomen, ils se sont aperçus que leur abdomen n’était pas lisse mais strié avec une structure en dents-de-scie. En appliquant un procédé de gravure à la surface d’une LED (diode électroluminescente), ils ont gagné 55% de luminosité. 

La propulsion et le requin mako


L’énergie sert aussi à se déplacer. Autre exemple, le requin mako. C’est l’espèce de requin la plus rapide, avec des pointes de vitesse qui pourraient dépasser 100 km/h. Ici non plus, il ne doit pas sa vitesse à une peau très lisse, mais au contraire à une peau rugueuse recouverte d’écailles, les denticules. 



En s’écoulant le long de son corps, l’eau crée des mini-vortex qui donnent une force de poussée vers l’avant à ce poisson cartilagineux. 



L’exemple du requin mako a été utilisé frauduleusement par une marque de maillot de bain pour justifier les huit médailles d’or de Michael Phelps aux JO de Pékin en 2008. En effet, c’était un coup marketing car une analyse récente à Harvard de la structure du maillot de bain montre qu’elle ne ressemble en rien à celle du requin mako.

Néanmoins, l’étude de cette espèce continue et pourrait intéresser l’aéronautique.

L’eau et le scarabée Stenocara



L’accès à l’eau dans les régions arides est un vrai problème pour l’homme et toutes les espèces. Certaines parties du désert du Namib comptent parmi les plus arides au monde, avec moins de deux millimètres de pluie par an. Aucune espèce n’y vit à l’exception d’un petit scarabée : le stenocara. Jusqu’à la publication d’une étude en 2001, on se demandait comment il pouvait survivre sans eau. En se plaçant face au vent et en étendant ses élytres qui sont constitués d’une surface cirée et bosselée, il arrive à former une petite goutte à partir de l’humidité du brouillard océanique. 



Cela s’explique par la présence de zones superhydrophiles qui favorisent la constitution de micro-gouttes et de zones super-hydrophobes qui les font glisser jusqu’à la bouche du Stenocara. 

D'ici 2025, les Nations Unies prévoient que 1.8 milliards d'individus auront un problème d'accès à l'eau. Le Stenocara pourra peut-être contribuer à leur trouver une solution. Et les recherches sont d’ailleurs en cours pour développer des techniques capables de puiser l’eau des brouillards dans les zones arides.

La médecine et la pharmacopée des chimpanzés



On connaît l’ethnopharmacologie qui consiste à étudier les plantes utilisées par les peuples premiers pour concevoir les molécules des médicaments de demain. Mais on peut aussi suivre les animaux. Sabrina Krief, primatologue au muséum, suit les chimpanzés en Ouganda (lire cet article de Pour La Science de novembre 2004). La moitié des 46 plantes consommées possède des vertus thérapeutiques : anti-diahrées, anti-tumoraux, anti-paludisme… Certaines sont très toxiques et il faut les consommer avec modération. Les chimpanzés ont l’air de savoir quelle plante utilisée selon les troubles qui les envahissent. 

Conclusion



Il ne faut pas voir le biomimétisme comme une nouvelle tentative d’asservissement de la nature. Selon l’UICN, 18 000 espèces seraient menacées et chacune d’elle emporterait alors un ou plusieurs secrets. Le biomimétisme nous enseigne qu’il faut absolument respecter l’intelligence de la nature et la considérer avec humilité.

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