lundi 27 janvier 2014

Bonne année 2014, toute en bleu !



Avec beaucoup de retard, je vous souhaite à tous une bonne année 2014, toute en bleu !
Cette période de l’année est propice pour dresser un bilan de l’année écoulée et faire un peu de prospective pour celle qui arrive.
Pour moi 2013 était une année particulière. C’était en effet l’année dans laquelle au début des années 2000 j’avais décidé de situer mon projet de roman. L’intrigue de Siècle bleu et d’Ombres et Lumières démarre en effet (comme je vous le disais dans un précédent post) le 24 novembre 2013, s’étend sur 28 jours et s’est donc achevé le 21 décembre 2013. Il y a quelques semaines.
À la fin du livre, j’avais imagé que l’état d’esprit dominant sur notre planète changerait enfin. Au cours de ces 28 jours de Révolution bleue, l’humanité réalise en effet grâce à l’astronaute Paul Gardner combien notre planète est belle et fragile. À travers la traque sans merci d’Abel l’écoactiviste elle mesure aussi à quel point la protection du pouvoir et du modèle en place peut mener à la destruction des plus belles utopies. Au terme de ces 28 jours, les classes dirigeantes commettent l’impensable et l’humanité choisit d’enclencher une bifurcation.
Comme beaucoup d’entre vous, j’aurais rêvé que ce 21 décembre 2013 marque effectivement le début de cette métamorphose. Je me suis tellement investi dans l’écriture de ce livre que je m’étais presque convaincu que les dates concorderaient. Il y a donc une forme de déception en ce début d’année 2014. De plus, un autre sentiment bizarre m’habite : l’action de ces livres, fruits d’un long travail d’anticipation, se situe maintenant dans le passé. Je ne réalise pas encore très bien, mais cela me donne me laisse le sentiment amer d’un rendez-vous raté avec le futur.
Néanmoins en prenant un pas de recul ces derniers jours, je reste convaincu que le diagnostic du livre est bon (tout dans l’actualité y fait écho, qu’il s’agisse des faits positifs ou négatifs) et que cette mutation s’opérera tôt ou tard. Le rôle de l’écrivain d’anticipation n’est pas de prévoir avec exactitude le futur mais d’imaginer et d’ouvrir des possibles. Dans mon cas, plutôt qu’un énième portrait sombre de l’avenir, j’ai essayé de peindre un futur positif à grande échelle, planté dans le décor actuel. Ce livre était pour moi une « thérapie » pour me prouver qu’une transition vers un autre monde était possible. Je reste convaincu que c’est le cas. Les signes du changement sont partout autour de nous. Si ce n’était pas pour 2013, ce sera pour bientôt.
Dans cette période d’interrogations, je me suis aussi demandé si les sacrifices consentis pour l’écriture de ces deux tomes étaient justifiés. Certes Siècle bleu n’a pas changé le monde, il n’a pas été le best-seller de l’année, mais il a tout de même touché des milliers et des milliers de personnes, dont certaines très profondément. Beaucoup de lectrices et lecteurs m’ont écrit des messages merveilleux, me montrant que j’avais réussi à les faire rêver et à leur faire prendre conscience d’un certain nombre d’éléments dans la réalité qui nous entoure. Ce qui n’est pas rien. En ce sens l’objectif initial a été largement atteint (cf. le cahier des charges que je m’étais fixé en 2006) et ce n’est pas terminé.  
Quand je regarde cette aventure avec un peu de recul, vous, lectrices et lecteurs, vous êtes mon plus beau cadeau. Aussi en 2013 j’avais décidé de ne pas reprendre l’écriture, mais de partir à votre rencontre et de profiter du petit élan créé par ces deux livres. J’avais besoin d’interactions. J’ai ainsi pu rencontrer des dizaines de personnes extraordinaires, avec qui je partageais de nombreuses valeurs. 
Ces livres m’ont aussi permis de rencontrer des décideurs, de spécialistes, des chercheurs dans les thèmes qui me passionnent ou des acteurs de la mutation que je n’aurais jamais pu rencontrer autrement (cf la liste des personnalités qui pourraient faire le siècle bleu). Je pourrais en citer des dizaines, mais le récent tête-à-tête avec Jean-Paul Delevoye dans son bureau du CESE, le déjeuner avec Brice Lalonde, ou avec Jean-François Gayraud (le grand spécialiste français de la criminalité financière) ou la rencontre avec le DJ Laurent Garnier (mon idole musicale qui a lu les deux livres) ou celle avec John Allen (le créateur de Biosphere 2) resteront dans ma mémoire.



Moi qui ai toujours détesté les frontières et prôné la pluridisciplinarité, je n’aurais jamais rêvé de faire d’aussi belles rencontres. Je ne remercierai ainsi jamais assez Corinne Russo et Jean-Yves Casgha pour cet incroyable festival Sciences&Fictions de Cavaillon 2013 où j’ai baigné pendant trois jours dans un bain de sciences et de visions sans précédent. Ou ce dîner hors normes chez Michèle Decoust (la « marraine » de Siècle bleu) avec Leina Sato (la femme qui nage et danse avec les dauphins), Gauthier Chapelle (président de l’institut européen du biomimétisme), Patrice Levaillois (l’inventeur du jeu du Tao), l’équipe de Biosphere 2 (Abigail et Laser) et Maxence Layet (le créateur de l’incroyable revue Orbs, l’autre planète) où nous avons vraiment refait le monde ! Les rencontres avec Serge Orru et Gilles Berhault furent aussi un honneur et l’occasion de nouer de vraies amitiés avec deux acteurs clés de la transition écologique. Savoir que tous ces gens illustres ont lu mes livres est une immense récompense.
Je pense aussi à tous ces lecteurs incroyables que j’ai rencontrés cette année : Clément E.,  François L, Dominique C, Romain D, Sébastien C, Ben M., Yoann P., Anthony T., Marie-Anne M. et Lionel C… Merci à Pif (Pierre-François Mouriaux) de m’avoir accepté au sein de l’association Histoires d’Espace et de nous avoir permis de rencontrer autant de personnalités du domaine spatial !
Je pense aussi aux 1700 membres du groupe Facebook Siècle bleu qui suivent et commentent assidûment mes posts, cela me donne toujours l’énergie pour continuer.
Je pense aussi à tous ceux d’entre vous qui recommandent, prêtent Siècle bleu autour d’eux. Je sais que vous êtes nombreux et je souhaite pouvoir vous rencontrer au cours des prochaines conférences que je donnerai.
Je pense aussi à la centaine de lecteurs qui ont déjà rejoint BLUE, le think tank Siècle bleu. Les discussions initiales ont été d’une qualité extraordinaire mais le soufflet est un peu retombé car nous n’étions pas tous d’accord sur les finalités de BLUE. Certains voulaient de l’action à court terme, d’autres de la réflexion à long-tereme, mais le principal constat est que nous n’étions pas assez nombreux pour changer les choses, et qu’il faudrait aussi se rencontrer physiquement, le virtuel ayant ses limites. J’espère qu’en 2014 nous nous rencontrerons mais en tout cas, il faut continuer à élargir la communauté et le cercle de lecteurs de Siècle bleu pour avancer. Merci à Lionel et Marie-Anne pour les sous-titrages  en français d’Overview, premier projet concret de BLUE.
Merci aussi aux libraires, résistants contre l’acculturation, qui se battent pour faire connaître ces livres. Remerciements particuliers à Jean-Paul et Véronique de la librairie Expression de Châteauneuf-de-Grasse dans les Alpes-Maritimes, certainement l’endroit où le plus d’exemplaires de Siècle bleu ont été vendu ! Merci pour votre invitation au salon de Mouans-Sartoux, ce fut un honneur et un plaisir.
Ces livres m’ont aussi permis de pouvoir m’exprimer en public sur une multitude de thèmes qui me sont chers. L’année 2013 a en effet été riche en conférences et en interventions radio (toutes les interventions sont disponibles ici). Merci à Sébastien Carassou pour l’invitation à Orsay, Olivier Cateura pour l’invitation à Grenoble, Gilles Berhault pour l’invitation à Bordeaux et Dominique Cronier pour l’invitation à Marseille et Annecy. Merci Sandrine pour l’invitation à La Sorbonne. Pour 2014 j’ai déjà de très nombreuses dates de conférences prévues (je les donnerai sur la page facebook Siècle bleu) et n’hésitez pas à me contacter si vous voulez que je vienne en donner une vers chez vous.
Je remercie aussi Marie Misset et Armel Hemme de l’émission 2h ¼ pour changer le monde sur Radio Nova de m’avoir accueilli chaque semaine sur leurs ondes. Merci à Frédéric Lopez et son équipe pour m’avoir accueilli comme chroniqueur dans son émission On va tous y passer sur France Inter. Merci également à Michel Alberganti pour les invitations sur France Culture. Pouvoir développer mes idées devant autant d’auditeurs fut là aussi une opportunité que je n’aurais jamais pu imaginer.

Cette année fut aussi l'occasion de pouvoir contribuer aux réflexions politiques sur la nécessaire transition, avec l'organisation des Etats Généraux de la mutation civique, la participation à des réunions avec les partis écologistes pour leur rappeler la nécessité de mettre en avant le rêve et la beauté dans leurs réflexions, ou des discussions avec différents acteurs politiques de tout bord. Nous sommes dans un temps inédit où toutes les opportunités de changement sont possibles et il était important pour moi de contribuer concrètement à ces mouvements.
Cette enfin fut enfin l'occasion d'une rencontre incroyable avec Maxence Layet, Pic de la Mirandole du XXIème siècle qui a eu l'audace de recréer la tumultueuse revue Planète qui avait tant agité les années soixante : Orbs, l'autre planète. Maxence est devenu un ami proche avec lequel je n'ai pour l'instant pu partager qu'une infime partie des choses que nous avons à nous dire et il m'a convaincu d'écrire un texte qui me tenait à coeur depuis longtemps sur le thème "La Terre vue de l'Espace, une vision pour changer le monde". Ce texte d'une dizaine de pages, magnifiquement illustré, résume l'utopie de Siècle bleu et restera une étape importante dans ma réflexion. Orbs sera un laboratoire d'idées hors du commun dans lequel je vais continuer évidemment à m'impliquer tant ce projet correspond à mes aspirations.
L’écriture de ces livres valait donc infiniment le coup, et s’ils n’ont pas (encore) changé le monde, ils ont déjà changé ma vie. Mon vénéré Antoine de Saint-Exupéry écrivait : « Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve ». Je m’y attelle chaque minute. Jamais autant que cette année je n’aurais eu autant de discussions et débats passionnants, et le début de l’année 2014 me dit que cela n’est pas prêt de s’arrêter.
Je vous parlerai prochainement de mes projets pour 2014, il y en a beaucoup... 
Encore bonne année et Vive la Révolution bleue !

vendredi 10 janvier 2014

Les Nuits du Caire de Gilbert Sinoué



Gilbert Sinoué, à qui l’on doit entre autres Le Livre de saphir et Des jours et des nuits (qui figurent tous deux parmi mes livres préférés), vient de signer à nouveau un très beau livre : Les Nuits du Caire.
C’est l’histoire d’un égyptien exilé en France et âgé de soixante ans qui décide de retourner en Egypte pour retrouver son amour d’enfance. Jusque-là rien de bien nouveau, sauf que toute l’histoire se déroule le 29 janvier 2011, au pic de la révolution. L’homme ressasse ses souvenirs et voit son pays à feu et à sang. Porté par une écriture somptueuse et un talent de conteur inégalé, Sinoué nous donne sa version de l’histoire de l’Egypte au XXIème siècle, très éloignée de que l’on nous sert habituellement. Farouk, Moubarak, Sadate, Jacques Brel, Les Frères musulmans, le kédhive Ismaïl et l’impératrice Eugénie tous y passent et on comprend la situation dramatique de ce pays.
Au-delà de cela, c’est une magnifique réflexion, sur le temps qui passe, le bonheur, le souvenir du bonheur, la vieillesse, les choses qui changent et celles qui demeurent. Pour en témoigner ce magnifique passage sur le Nil.
L’Égypte pourrait perdre ses marques, se travestir, se défigurer au point d’en être méconnaissable, le fleuve, lui, demeurera, immuable, toujours recommencé. Il berça des dynasties pharaoniques, fut témoin des amours déchirées de César et Cléopâtre, il a vu passer les Grecs, les Romains, les Arabes, les Turcs, les Mamelouks, Bonaparte et son armée désorientée, les British, et il est toujours là. Porteur de tous les secrets de l’univers. En lui, je me reconnais, je me reconnaîtrai toujours.
Ou cette citation d’André Gide :
La promesse de la chenille n’engage pas le papillon.
Ou cette phrase sublime :
J’ai mal. Mal à ma terre.
Un très grand (petit) livre.