dimanche 2 mars 2014

Cavaillon 2014 - Retour d'une autre planète


Pour la troisième année de suite, j’ai été convié à participer à l’extraordinaire festival Sciences et Fictions de Cavaillon. Il est le successeur du festival Science Frontières qui réunit depuis 1984 des visionnaires de tous les horizons autour de Jean-Yves Casgha (journaliste scientifique touche-à-tout, créateur du festival) et Corinne Russo, directrice de l'office du tourisme de Cavaillon. 
Les invités viennent pendant quelques jours échanger avec les habitants de la ville dans un cadre convivial unique qui permet des rencontres spontanées d’une improbabilité et d'une intensité inouïe. Je vous avais déjà raconté les éditions de 2012 et 2013, mais l’édition 2014 a tout dépassé. Trois jours durant lesquels on a terminé les discussions pour refaire le monde à 3 heures du matin pour ré-enchaîner les échanges dès le petit-déjeuner.
Déjeuner arrosé avec Anne Paris, Jan Kounen, Erik Pigani, 
Maxence Layet, Clément Epié, Jean-Paul Bibérian et Corinne Russo.
Le programme en ligne de la conférence donne un (petit) aperçu de la variété des thèmes abordés (cette année autour de l’eau). Il se produit à Cavaillon une alchimie des savoirs, mêlant les sciences « dures » au monde artistique en passant par l’analyse des champs vraiment en « marge » mais qui méritent évidemment d’être étudiés. Ces frontières entre les disciplines scientifiques/artistiques ou au-delà des disciplines seront le lieu où se feront les véritables découvertes de demain et où l’on trouvera les réponses aux grands défis du XXIème siècle.
Au terme de ces trois jours, il a été vraiment difficile de se quitter tant les échanges intellectuels mais surtout personnels ont été intenses. Passons en revue la palette de ces joyeux drilles pour que vous compreniez un peu mieux la puissance de ce mélange. Il faut vous imaginer toutes ces personnes autour d'un petit déjeuner... Ca fuse du matin au soir et je me suis cru l'espace d'un week-end plongé au coeur de la Renaissance !

Maxence Layet
Je vous ai déjà parlé de Maxence sur ce blog : c'est lui qui a créé il y a un an l'extraordinaire revue Orbs, l'autre planète  à laquelle j'ai eu la chance de pouvoir contribuer avec mon article "La Terre vue de l'espace : une vision pour changer le monde" dans le numéro 1. Maxence est depuis devenu un ami très proche, un frère d'idées. 
Sa revue est l'héritière de Planète, la revue "remue-méninges" créée par Jacques Bergier et Louis Pauwels dans les années soixante après le succès de leur livre Le Matin des Magiciens. Beaucoup des "anciens" de Cavaillon ont été bercés par Planète, revue qui a ouvert de nombreux champs de recherche à une époque où la pensée était sclérosée et contrôlée par l'Etat. Planète a contribué à l'émergence des nouveaux modèles qui ont préfiguré la révolution de la fin des années soixante et les mouvements de contre-culture de cette époque. Orbs, l'autre planète se fixe également comme ambition de parler de toutes les tendances intellectuelles, artistiques ou culturelles qui pourraient façonner ce nouveau monde (L'autre planète). 

Sa revue de Maxence constituait vraiment la pierre angulaire de cette édition du festival de Cavaillon (sur le thème clin d'oeil l'eau-tre planète) et elle a été saluée par tous, notamment ceux qui avaient été fascinés par Planète. Je souhaite vraiment qu'Orbs, l'autre planète puisse réussir et devenir le Planète du XXIème siècle. Je vous encourage vraiment à acheter la revue ou à vous y abonner.

Au delà de sa revue, Maxence a amené son incroyable énergie et sa bonne humeur au festival, ainsi que ses multiples connaissances dans de très nombreux domaines. En effet, il a été journaliste scientifique pendant 15 ans et a également écrit plusieurs livres dont un sur le fameux Sérum de Quinton (voir l'interview de Maxence au sujet de ce nectar d'eau de mer qui peut remplacer le plasma sanguin et sauver des vies) mais aussi un livre de référence sur le chi intitulé L'énergie secrète de l'univers. Maxence est un touche-à-tout et il est curieux de tout : il est l'un des grands spécialistes des recherches sur les ondes (pollutions et traitements) mais aussi des nouvelles technologies, des médecines douces... Maxence a aussi été assistant parlementaire à Bruxelles de l'euro-députée vert Michèle Rivasi et il y a ainsi appris tous les arcanes du fonctionnement de notre système politique et de lobbying. 

Emmanuel Hussenet

Emmanuel est un grand explorateur du pôle nord et des banquises pluri-annuelles où il se rend depuis près de 20 ans. Emmanuel est l'auteur de plusieurs ouvrages de références comme Spitzberg, visions d'un baladin des glaces ou Rêveurs de pôles paru au Seuil. Au cours de ses voyages il est devenu un témoin de premier plan de la fonte des glaces et à travers ses incroyables récits de ses expéditions en canoë dans ces contrées sans vie, il sillonne le monde pour alerter sur ce danger qui nous guette. Pour ce faire, il a créé sa propre maison d'édition : Les Cavaliers de l'orage, au sein de laquelle il a notamment publié en 2012 son dernier livre : Le Nouveau Monde, regard sur le disparition des banquises et sur le sens des choses

Emmanuel nous a fait rêver avec ses somptueuses photos de la banquise, refuge intact depuis des millénaires. 


Il nous a expliqué à quel point il était devenu maintenant dangereux de s'aventurer sur la banquise périphérique (à pied ou avec des chiens de traîneau) tant la glace avait fondu. Pour lui le phénomène est véritablement alarmant et il nous a montré à quel point tout allait plus vite que prévu car certains phénomènes de rétroaction n'avait jamais été anticipés. Il est aussi revenu sur l'épisode de l'été 2013 où paradoxalement la banquise s'était reformée ce qui avait donné des arguments aux climato-sceptiques. Emmanuel nous a expliqué que ce phénomène était en fait totalement inattendu et pouvait s'expliquer par le fait que cet été là les pôles avaient été abrités par une couverture nuageuse sans précédent qui a empêché la glace de fondre. Cette énorme couverture nuageuse était la conséquence de déréglements de l'année précédente (notamment des grosses pluies) et ce phénomène n'avait jamais été observé. Aujourd'hui plus personne ne s'aventure à prévoir ce qui se produira pendant l'été 2014 tellement le climat est déréglé. PS : Je dois faire mi-mars une conférence au centre de recherche de Météo France à Toulouse et je ne manquerais pas de les interroger sur ces épisodes climatiques.
Emmanuel va signer un article dans le prochain numéro à paraître (le #2) de la revue Orbs, l'autre planète de Maxence Layet. Il sera consacré à son nouveau projet pour éveiller les consciences dont il est venu nous parler : l'île de HansCette île de 1.3 km2 située au-dessus de toute zone habitée dans le détroit de Smith qui sépare le Canada du Groënland (c'est-à-dire du Danemark) fait l'objet d'un litige entre ces deux pays. Elle n'appartient donc à personne et se trouve au milieu du détroit qui conduira aux eaux de l'arctique, nouvel eldorado pour les multinationales pétrolières et minières, et ce sera également le détroit par lequel s'écouleront les banquises fondues. La préservation de ce lieu a donc un enjeu universel.


Afin d'alerter les consciences, Emmanuel souhaite faire reconnaître par l'ONU l'île de Hans comme Terra Nullius - terre qui ne peut relever d'aucun Etat. Pour cela il propose à tous les habitants de la Terre d'habiter l'île de Hans en rejoignant la page Facebook Hans Universalis ou en donnant vos coordonnées sur le site hansuniversalis.org, où vous trouverez aussi toutes les informations à propos de cette géniale utopie. On reparlera de ce projet sur ce Blog !  
Erik Pigani


Maxence Layet et Erik Pigani
Erik Pigani est un habitué depuis 30 ans du festival et c'est un esprit d'une finesse rare. Depuis 28 ans, il collabore à la revue Psychologies Magazine dont il dirige l'une des principales rubriques et il est aussi l'auteur de très nombreux ouvrages sur la spiritualité et la psychologie. Il est aussi un pianiste virtuose et a travaillé pendant des décennies avec son maître, Georges Cziffra, l'un des plus grands pianistes du XXème siècle. Il y 37 ans il a d'ailleurs effectué une sortie hors du corps (out of body experiment... très proche des near death experiment - NDE) lors d'un concert qu'il raconte dans un article de 30 pages dans le numéro 1 de la revue Orbs, l'autre planète (juste après l'article que j'ai signé), mais également dans la vidéo ci-dessous (filmée l'an dernier lors du colloque international sur les NDE à Marseille). Erik est très proche de Maxence et lui promulgue de nombreux conseils pour sa revue. 

Les discussions avec lui furent passionnantes notamment autour du rôle des poules dans l'établissement des liens sociaux entre les humains en milieu urbain :-) On en reparlera bientôt sur ce blog. 
Erik nous a parlé des travaux sur la psychologie positive qui s'intéresse à rendre les gens heureux plutôt que d'analyser leurs problèmes. Il a ainsi conseillé un exercice simple à ceux qui sont déprimés : noter sur un petit cahier les 3 choses les plus positives qui vous sont arrivés dans la journée ("les 3 kifs du jour") et d'expliquer pourquoi. On a presque tous tendance à garder un bilan négatif d'une journée et ce petit exercice peut changer complètement notre perspective. Regardez à ce sujet le site de Florence Servan-Schreiber qui est l'auteur du livre "3 kifs par jour" et qui s'intéresse à la psychologie positive. 

Didier Van Cauwelaert

Didier Van Cauwelaert est un écrivain prodige (Prix Goncourt à 31 ans en 1994) et prolixe (plus de 30 romans à son actif, mais aussi des pièces de théâtre, des comédies musicales, des scénarios de cinéma). Didier occupe une place particulière pour moi puisqu'il est niçois mais surtout nous avons fréquenté le même lycée de quartier (Estienne d'Orves) à 13 ans d'écart ! Tout le monde n'a pas un Goncourt dans son lycée ! 

Pilier de ce festival depuis longtemps, il est un féru de sciences et un merveilleux raconteur d'histoires scientifiques, notamment sur le monde végétal et animal qu'il affectionne particulièrement. Didier est aussi passionné par les phénomènes paranormaux (thème récurrent dans ses romans) et est venu nous parler de son dernier ouvrage : Le Dictionnaire de l'impossible paru chez Plon. La conclusion de son intervention : croire qu'une chose est possible peut faire qu'elle advienne. Ecoutez-le sur cette interview donnée à France Info, c'est fascinant.


Patrice Van Eersel


Patrice Van Eersel fait partie de mon Panthéon personnel et j'avais déjà eu l'occasion eu de dîner avec lui il y a deux ans, lors du passage à Paris de John Allen, le créateur de Biosphere 2 avec mon amie Michèle Decoust. Patrice a participé au lancement du journal Libération puis fut grand reporter et journaliste scientifique à Actuel, la revue de Jean-François Bizot (qui plus tard fondé Radio Novaj'ai eu la chance d'officier l'an dernier). Il a été ensuite le fondateur et rédacteur en chef de la revue Nouvelles Clés, devenu il y a deux ans "Clés" en collaboration Jean-Louis Servan Schreiber et sa femme Perla. 

Patrice Van Eersel est également éditeur/chef de collection chez Albin Michel mais il est surtout l'auteur de nombreux livres qui m'ont marqué à commencer par La Source noire, le livre de référence sur le phénomène NDE, et Le Cinquième Rêve sans doute l'un des livres qui m'a le plus apporté il y a 20 ans pour développer ma curiosité dans tous les domaines et en particulier ceux en marge des grandes tendances médiatiques ou scientifiques. Ce livre sur les cétacés et la communication inter-espèces, est une incroyable réfléxion sur l'évolution, l'homme et notre destinée. 


En dehors de ces deux livres, il en a écrit bien d'autres (que j'ai tous à la maison) sur des thèmes extrêmement variés : la naissance (Mettre au monde), les musiques sacrées (Les tisseurs de paix), le cerveau (Votre cerveau n'a pas fini de vous étonner), la psycho-généalogie (J'ai mal à mes ancêtres) mais aussi deux autres livres majeurs sur la mort (La Source blanche et Réapprivoiser la mort). Chacune des enquêtes est un monument à la fois dans la profondeur du travail, la pédagogie sur les thèmes complexes et le style haletant comme celui d'un roman. Avoir Patrice parmi nous fut un immense honneur !


Anne Paris et Jan Kounen


J'ai eu la chance de faire le voyage en train depuis Paris jusqu'à Avignon en compagnie de Jan Kounen, sa compagne Anne Paris, Emmanuel Hussenet et Leina Sato (vous entendrez parler d'elle plus bas dans cet article). Tout de suite les discussions ont fusé à la vitesse du TGV. Jan Kounen est un réalisateur que l'on ne présente plus (Doberman, 99 Francs, Blueberry, Coco Chanel et Igor Stravinsky...). Anne Paris est aussi réalisatrice, mais également une grande pratiquante de Yoga et des états de conscience modifiés, notamment via les techniques de synchronisation des hémisphères de Monroe (que j'avais testées il y a 20 ans lorsque j'étais étudiant avec mes camarades de la cité universitaire...). 
Jan est un un être lumineux, éveillé. Il a un regard doux et vif, avec un sourire ultracontagieux et il s'intéresse à tout. Il tire en partie cet éveil de ses nombreuses expériences de prise d'Ayahuasca au Pérou avec les Indiens Shipibo. Ce breuvage (considéré comme une médecine là-bas et une drogue ici...), dont il est beaucoup question dans le tome 1 de Siècle bleu, lui a changé la vie et sa relation au monde végétal. Il a tiré de ces expériences un livre magnifique "Visions, regards sur le chamanisme" accompagné du DVD de son documentaire "D'autres mondes" qui m'avaient beaucoup servi dans l'écriture de Siècle bleu. Jan est d'ailleurs venu à Cavaillon présenter ce film dont nous avons tous débattu. Ces expériences l'ont beaucoup marqué et il continue à régulièrement aller au Pérou au contact de ses amis chamanes.


Jan est un passionné de SF et il m'a montré dans le train les dessins et les maquettes du projet d'adaptation d'un des monuments de la SF française : La Horde du Contrevent d'Alain Damasio (Grand prix de l'imaginaire 2006). Nous avons eu aussi d'autres discussions passionnantes notamment sur l'état cérébral lors d'une prise d'ayahuasca (visiblement l'état du cerveau est très proche de celui d'un schizophrène avec les deux hémisphères en synchronisation) et aussi de la synchronisation/télépathie entre le chamane (qui guide l'expérience) et son apprenti/patient. Nous avons aussi eu une discussion passionnante sur Gravity (lui qui est un grand spécialiste des effets spéciaux a été bluffé par la prouesse de Cuaron - cf mon post sur Gravity) et le futur rôle des cigarettes électroniques qui pourraient constituer un nouveau "device" aux possibilités multiples. 

Comme Didier Van Cauwelaert, il soutient le Chef Raoni dans sa lutte contre le barrage de Belo Monte. Jan est reparti avec les deux tomes de Siècle bleu, j'espère que les livres lui plairont ! En tout cas, nous avons découverts de nombreux points communs.

Leina Sato

Leina Sato est une amie franco-japonaise-hawaïenne qui m'avait été présentée l'été dernier par mon amie Michèle Decoust et dont vous entendrez certainement beaucoup parler dans le futur. Lorsqu'elle était adolescente, Leina a guéri d'une dépression au contact de dauphins sauvages à Hawaï. Apnéiste, elle passe des heures chaque jour en mer à jouer avec eux. Entre eux, une véritable communication s'est établie et ils ont notamment développé ensemble un jeu : le jeu de la feuille. Leina et les dauphins à tour de rôle se saisissent d'une feuille d'arbre et la cachent jusqu'à ce que l'autre s'en empare. 


Leina Sato et Jan Kounen
Les images de ces jeux sont incroyables et vous les découvrirez bientôt j'espère dans un film sur Leina que Jan Kounen et sa compagne Anne Paris devraient réaliser (avec la complicité de Patrice Levallois, un autre ami qui est l'inventeur du jeu du tao). J'ai vu le teaser, c'est merveilleux.
Au-delà de ces jeux, Leina a pénétré l'univers des dauphins comme une exploratrice découvre un nouveau monde, une civilisation. C'est cette civilisation que vous découvrirez dans le documentaire. Leina devrait également prochainement sortir un livre relatant ses expériences. Leina, comme moi, avait été profondément marquée par la lecture du Cinquième Rêve de Patrice Van Eersel (c'est d'ailleurs Van Eersel qui l'avait présentée à Jan Kounen). C'était excellent de voir toutes ces personnes réunies sur le plateau du festival pour une table ronde consacrée aux "Océans en danger" !
Patricia Ricard, Emmanuel Hussenet, Anne Paris, 
Jean-Yves Casgha, Leina Sato, Jan Kounen et Dominique Leglu
Vous pouvez écouter cette interview de Leina par Florence Mathon (qui m'avait aussi interviewé pour Siècle bleu pendant une heure sur Radio Aligre).


 
Bon, maintenant, il faut enfin que je m'organise pour réaliser mon rêve : nager avec les dauphins. Leina connaît les bonnes adresses ;-)


Jean-Marie Ghislain


Leina est venue avec Jean-Marie Ghislain, un homme lui aussi extraordinaire. Depuis 4 ans, il sillonne les mers du monde pour photographier les requins. Il a plongé avec plus de 35 espèces différentes et il a ramené des clichés sublimes. Un livre devrait sortir au mois de septembre ainsi qu'une exposition itinérante. Son objectif est de faire conscience par la beauté de ses clichés que les requins ne sont pas des créatures ignobles et qu'elles sont indispensables aux écosystèmes. Jean-Marie avait une grande phobie de l'eau il y a 5 ans et il l'a vaincue en plongeant au Mexique avec des requins. Depuis, il a arrêté son travail et a décidé de tout donner pour protéger les requins. Il a même fait la couverture l'été dernier de National Geographic en France il y a 3 ans.
Mais le travail pour prendre des photos parfaites a été beaucoup plus long que prévu, mais les clichés sont exceptionnels. Vous pouvez en voir une partie sur son site. Voici quelques photos :





Jean-Marie nous a expliqué la situation des requins à la Réunion. Là-bas, il y a une pêche effrénée des petits requins de récifs au cours des dernières années, or ceux-ci sont les prédateurs naturels des requins bouledogues dont ils régulent donc le nombre. Le nombre de requins bouledogues a donc augmenté de façon exponentielle car ceux-ci n'ont plus de prédateurs. Du coup, ces gros requins ont faim et vont chercher leur nourriture près de là où les eaux usées sont rejetées (sans traitement) afin de trouver des résidus animaux dans ces eaux troubles. Si les surfers vont là, le risque est très élevé. Une fois de plus, c'est donc bien l'homme qui est responsable de la situation. L'éradication souhaitée par les autorités est donc scandaleuse, il suffirait d'interdire la pêche des requins de récif. 
Nous avons aussi beaucoup parlé de la décision de l'Australie d'autoriser de tuer les requins qui s'approchent du rivage et de la contrebande d'ailerons. Après son projet sur les requins, il devrait en faire un nouveau sur les derniers grands espaces sauvages dans le monde et aussi un autre projet sur les orques (il voudrait suivre une horde pour plusieurs années).
Enfin, Jean-Marie et Leina Sato devraient sortir prochainement des livres pour enfants pour sensibiliser à la mer. Le premier devrait parler d'un bébé requin baleine avec une caractéristique très particulière... Je ne vous en dis pas plus ! Leina et Jean-Marie sont d'ailleurs aller plonger récemment dans une "nurserie" de requins baleines à Djibouti (c'est à dire un lieu où les petits naissent - même s'ils on n'en rarement vu de moins d'un mètre - cf ce vieux post sur mon blog). Les images sont fascinantes.



Cyril Flouard et Patrick Lefrere - De l'eau dans le gasoil

Une lectrice et amie, Dominique Cronier, m'avait parlé de deux amis à elle qui avaient commencé une enquête étonnante sur les moteurs dopés à l'eau. J'ai suggéré leur travail aux organisateurs qui les ont conviés à montrer en avant-première une partie de leur film (l'enquête n'est pas terminée). Cyril Flouard (skipper et ancien collaborateur des Amis de la Terre) et Patrick Lefrere (cadreur) sont donc venus avec Dominique (qui m'avait invité à donner une conférence à Marseille et à Annecy) nous montrer leur travail d'investigation sur un système qui paraît fou : injecter de l'eau dans le moteur (en complément du carburant traditionnel) afin de réduire de 30% la consommation en gasoil/essence. Ils en avaient entendu parler il y a quelques années au JT et comme il y eut ensuite une indifférence totale sur ce sujet pourtant majeur, ils sont partis sur le terrain pour en savoir plus. L'injecteur coûte quelques centaines d'euros et ils sont partis à la rencontre de ceux qui l'installent, de ceux qui ont  obtenu des économies et de ceux qui critiquent le système. Ils l'ont même monté sur leur voiture personnel et commencent à constater les premières économies ! Si cela marchait vraiment, cette nouvelle à elle seule pourrait à elle seule contribuer à réduire très significativement les émissions de CO2 mondiales. Cela méritait donc vraiment de s'y pencher et d'expérimenter. 

Pour l'instant certains éléments sont vraiment intéressants mais d'autres moins concluants et ils mènent l'enquête avec le plus d'objectivité possible, avec de très petits moyens. Evidemment dans l'establishment industriel et économique, ils se sont heurtés à des murs. Leur démarche est emblématique de celle que devrait avoir la société envers la science et les innovations "en marge" : tester sans a priori. 

Ils se sont entendus à merveille avec tout le monde à Cavaillon et ils ont amené un point de vue écolo pratique qui manquent parfois dans nos discussions théoriques. Je vous recommande vraiment de regarder la bande-annonce. Les deux auteurs sont très drôles et très attachants et leur quête est géniale. Vous trouverez toutes les infos sur http://deleaudanslegasoil.com

Vous pouvez les aider en effectuant un don sur leur site

Jean-Marie Pelt



Le grand biologiste, botaniste et écologiste Jean-Marie Pelt est aussi un habitué du festival, il en est même la figure tutélaire. C'est vraiment un grand sage et un immense philosophe. Il n'y a pas un raconteur du monde animal et végétal plus passionnant et plus drôle que lui. On lui doit de nombreux livres dont Le Tour du monde d'un écologiste qui avait été une de mes révélations il y a 20 ans. 
Il est venu nous parler de "Du big bang à l'homme : l'univers a-t-il un sens ?" où il développe le concept de principe d'associativité. Plutôt que de paraphraser ses propos, je vous propose de l'écouter (il a donné une conférence similaire d'une heure et demi l'an dernier dans un autre lieu). Ce sera le thème de son prochain livre à paraître en mai. La conférence est stupéfiante de profondeur et c'est pour Jean-Marie Pelt ses réflexions les plus importantes, fruit du travail d'une vie.


Laurent et Jérôme Benveniste


 
Cette année fut aussi l'occasion de revenir sur l'une des grandes polémiques qui avait animé mon adolescence : la fameuse "mémoire de l'eau" de Jacques Benveniste, décédé en 2004. Pour fêter les 10 ans de sa disparition, deux de ses trois fils étaient présents sur le plateau avec Maxence Layet (qui avait rencontré Jacques Benveniste à plusieurs reprises et qui connaît très bien ses travaux). Laurent et Jérôme Benveniste sont impliqués dans l'association Jacques Benveniste pour la recherche, qui vise à promouvoir les travaux qui s'inscrivent dans le sillage de ceux de leur père. C'était très émouvant de voir les deux fils défendre la mémoire de leur père avec autant de talent et d'amour. Leur père, là-haut, doit se sentir fier. Jacques Benveniste était un habitué du festival Science Frontières et il devait être aussi heureux de voir là tous ses amis, dont Didier Van Cauwelaert, Jean-Marie Pelt et évidemment Jean-Yves Casgha qui ont évoqué leur souvenir.
En juin 1988 (j'avais 14 ans et je lisais Science&Vie), Jacques Benveniste publiait un article dans la revue Nature où il prouvait qu'à très haute dilution, l'eau pouvait conserver les propriétés actives d'un composant qui ne devrait normalement plus être statistiquement présent. Ce résultat étonnant a été reproduit des dizaines de fois pas Jacques Benveniste mais aussi par des laboratoires en France (notamment ceux de Jean-Marie Pelt à Metz) et ailleurs dans le monde. 
Au départ célébré comme un génie il a déclenché la fureur des "caciques" qui ne voyait là que supercherie (un peu comme la fameuse "fusion froide") et une opportunité de justifier le bien-fondé de l'homéopathie. D'autres expériences ont été menées par ses détracteurs aux résultats moins concluants (mais ceux-ci étaient complexes) et ils l'ont littéralement ostracisé. La violence de la réaction dont il a été victime est inouïe, surtout pour un chercheur de cette envergure (il avait une renommée mondiale notamment pour ses travaux en allergologie)  et montrer qu'il est très difficile de changer l'establishment. En effet, dans ses recherches il appelait à créer des ponts entre biologie et physique pour comprendre ce nouveau phénomène qu'il avait mis en exergue. L'hypothèse de Benveniste serait que les molécules n'agiraient pas nécessairement par le contact avec un récepteur mais aussi par le champ électromagnétique qu'elles émettent. En simulant ce champ magnétique, on pourrait donc émuler l'effet d'une molécule sans qu'elle soit nécessairement présente : cela s'appelle la biologie numérique. Aujourd'hui, c'est le professeur Luc Montagnier (chercheur brillant lui aussi contreversé même si c'est lui notamment qui a découvert le virus du Sida !) qui effectue des recherches sur ce thème. Il en a d'ailleurs parlé dans une interview parue dans le numéro 0 de la revue Orbs
Si vous vous intéressiez à cette affaire, je vous conseille vraiment la lecture de l'auto-biographie de Jacques Benveniste : "Ma vérité sur la mémoire de l'eau" que j'ai lu avec passion récemment. C'est une formidable réflexion sur la difficulté de faire passer de nouvelles idées dans la recherche, notamment en France. 


Mais aussi...

A la conférence, étaient aussi présentes de nombreuses autres personnalités. 
  • Dominique Leglu, rédactrice en chef de la revue Sciences et Avenir et physicienne de formation, nous a parlé des conséquences de Fukushima, sujet qu'elle a couvert mieux que n'importe qui sur son blog. Mais aussi Jean-Paul Biberian, physicien qui a signé un article remarquable dans le numéro #1 de la revue Orbs consacré aux "transmutations biologiques et réactions nucléaires". 
  • Le journaliste et acteur Christophe Bourseiller était également parmi nous. Il venait de publier "Contre Cultures" il y a quelques mois.
  • Jean-Paul Bibérian fait partie du petit nombre qui s'intéresse aux réactions nucléaires qui interviennent sans apport d'énergie dans la nature (par exemple une poule produit plus de calcium qu'elle n'en absorbe) et il poursuit des travaux sur la très polémique "fusion froide". Et d'après ce qu'il nous en a dit, il y a des découvertes extraordinaires qui ont lieu en ce moment mais qui sont muselées par l'Etat... 
  • J'avais également convié mon ami et lecteur Clément Epié. Clément fait partie de l'équipe de La Paillasse à Paris, le premier biohacker space en France sur le modèle des Fablabs du MIT. Clément est curieux de tout, et notamment des évolutions en robotique/drone, mais plus généralement de tous les secteurs de l'innovation. Clément a une grosse culture scientifique et entrepreneuriale américaine et c'est l'une des personnes avec qui j'aime le plus discuter de la recherche. Le confronter aux esprits "allumés/éclairés" de Cavaillon a été très intéressant. C'est lui qui a pris toutes les photos de cet article !
Il y a eu aussi une multitudes de rencontres étonnantes, le dernier jour je déjeunais par exemple avec un haut pratiquant de ninjutsu et qui m'a fait découvrir certains secrets étonnants de cet art martial dédié aux espions. Vous savez ces petites poudres que les ninjas lancent... eh bien elles existent vraiment ! Il m'a expliqué comment se rendre invisible dans une foule puis la  discussion a dérivé sur les armes psychiques utilisées par les services secrets puis une discussion qui a duré deux heures sur le phénomène OVNI et les mystérieux tremblements de Terre de Gardanne... Cela ne peut se passer qu'à Cavaillon ! 

Cette conférence ne serait rien sans Corinne Russo (et ses équipes de l'office du Tourisme) et Jean-Yves Casgha qui font le lien entre tous ces invités étonnants. Jean-Yves a fait partie d'innombrables aventures papier, radiophoniques ou télévisées autour des sciences (dont le fameux Temps X qui avait bercé mon enfance !) et des phénomènes étranges (il était le rédacteur en chef de Mystères et il a écrit de nombreux livres sur les OVNIS, L'Atlantide, Les Mayas...). Grammairien et linguiste de formation il nous a parlé le soir des travaux de sa thèse consacrée à L'Odyssée et à certains secrets qu'il y avait découverts (notamment une hypothèse étonnante sur la localisation du périple d'Ulysse qui pourrait remettre en question l'étendue du monde connu par les Grecs). 
Je dois beaucoup à Jean-Yves qui fut le premier à m'interviewer à la sortie de Siècle bleu et qui m'a présenté à beaucoup de connaissances. Merci ! 

Mes interventions


Pour ma part, j'ai eu la chance de pouvoir intervenir à quatre reprises et je remercie infiniment Corinne et Jean-Yves de m'avoir accordé un tel honneur. La première fut une table ronde avec Didier Van Cauwelaert et Jan Kounen animée par le grand Patrice Van Eersel pour commenter la projection du documentaire de Jan : "Autres Mondes". Le débat avait pour thème "Savoirs indigènes et sciences". 
J'étais assis aux côtés de Didier Van Cauwelaert, LE prix Goncourt de mon petit lycée de province ! J'y ai développé les idées sur le chamanisme développées dans Siècle bleu et notamment les travaux de Rick Strassman autour de la DMT. J'ai repris aussi un certain nombre de thèmes que j'avais développé dans ma page "Chamanisme, rêves et grotte bleue"


Le lendemain nous avons été invités sur le plateau (monté pour l'occasion à Cavaillon) de l'émission "Autour de la question" de Jean-Yves Casgha sur RFI, elle aussi consacrée aux savoirs indigènes et à la science. La question était donc "Et si on s'intéressait aux savoirs différents ?". Pour l'occasion, Didier Van Cauwelaert avait troqué sa place avec Jean-Marie Pelt qui nous raconté de magnifiques histoires de ces rencontres avec un chamane en Afrique et un autre un peu plus loufoque à Paris. Vous pouvez écouter l'émission sur le site de RFI (partie 1 et partie 2).
J'ai ensuite donné une conférence plénière sur un thème qui m'était cher depuis des années : la géopolitique de l'eau. Cela m'a pris presque deux mois pour la préparer car j'ai relu ou lu tous les livres et revues de ma bibliothèque sur ce thème. J'ai recherché les images et les données qui soient le plus évocatrices pour traiter l'une des questions les plus complexes de ce siècle en insistant sur les menaces mais aussi sur les solutions. Je posterai bientôt une vidéo de cette conférence dont le thème pourrait donner lieu à un petit ouvrage et jouer également un rôle dans le tome 3 de Siècle bleu en gestation. A suivre... 


Puis pour finir, j'ai eu l'honneur de participer à la table ronde finale du samedi avec Patrice Van Eersel, Maxence Layet, Christophe Bourseiller et Erik Pigani où chacun de nous a expliqué ce qu'était "L'autre planète" à laquelle il aspirait. Nous sommes tous tombés d'accord - chacun à sa façon - avec le fait que l'autre monde était déjà en gestation et qu'en parallèle de tous les évènements très noir sur-relayés par la presse, des millions d'initiatives étaient en route à travers la planète et constituaient peu à peu une alternative aux modèles d'organisation éculés de notre société. Même Christophe Bourseiller (qui a récemment signé un essai sur les contre-cultures) qui est en général assez pessimiste a eu l'air enthousiasmé par nos propos !  

Voilà, comme vous l'avez compris, c'était un festival vraiment exceptionnel. Des rencontres, des idées et des souvenirs plein la tête pour des mois ! Vivement l'année prochaine !