mardi 30 juin 2009

Le Sud : salut du Nord ?

C'est la proposition iconoclaste d'Hervé Kempf ce week-end dans Le Monde. Les pays du Sud pourraient en effet nous enseigner les valeurs culturelles associées à la sobriété dont nous manquons tant. A méditer.


Afrique, aide-nous, par Hervé Kempf


LE MONDE | 27.06.09 | 15h40  •  Mis à jour le 27.06.09 | 15h40


Le hasard de l'existence conduit le chroniqueur dans un pays d'Afrique réputé être l'un des plus pauvres du monde. Comme lors de chaque reportage, le chroniqueur enregistre moult observations, émotions, informations, sensations. Mais une idée nouvelle lui apparaît. Encore imparfaite, il la propose au public, comme une proposition de réflexion plus que comme une thèse aboutie. Peut-être est-elle provocatrice.



Le savoir commun dit que si l'on ne parvient pas à enrayer le changement climatique, les premières et principales victimes en seront les pays pauvres de l'hémisphère Sud. Cela ne signifie pas pour autant que les pays du Nord en seraient indemnes. Les conséquences seraient nuisibles partout, quoique selon des degrés différents.


On peut dès lors s'interroger sur la capacité des diverses sociétés à résister ou à s'adapter à ces nouvelles conditions. La proposition paradoxale est que les sociétés les plus riches ne sont pas forcément les mieux placées pour y faire face : habituées à une profusion de biens, baignées dans une idéologie publicitaire posant la surconsommation comme un idéal, organisées selon le principe de la transformation brutale de leur environnement, elles semblent être psychologiquement et culturellement fort dépourvues pour se couler dans de nouvelles et rudes conditions d'existence. Leurs moyens matériels et techniques pourraient pallier une partie des transformations négatives, mais leur "appareillage" mental les handicaperait profondément face à la réduction inévitable de leur niveau de vie.


En revanche, des sociétés habituées à supporter les restrictions, sachant s'organiser avec peu, coutumières de la mobilité ("l'exode"), présenteraient une "résilience" plus grande que les sociétés riches aux tourments à venir.


L'hypothèse : devant les difficultés, l'essentiel n'est pas l'armement technique et matériel, mais l'appareillage culturel et la disposition à vivre sobrement.


Prenons la question sous un angle plus optimiste. Il est possible de prévenir la crise écologique. Cela suppose une réduction drastique de la consommation matérielle et de la consommation d'énergie par les pays les plus gaspilleurs. Ceux du Nord. Pour y parvenir, ils doivent se déconditionner, se désaliéner de l'idéologie consommatoire, selon laquelle plus est mieux. L'Afrique peut enseigner à l'Occident comment s'accommoder de la frugalité. Le débat n'est pas ici que la simplicité soit subie ou choisie ; l'important est qu'elle forme le fond de sa vie quotidienne et de sa culture. Pour prévenir la crise écologique, l'Europe pourrait ainsi demander à l'Afrique de l'aider à modifier son mode de vie. En fait, l'Europe a besoin qu'on l'aide à développer ses valeurs culturelles de sobriété.


Afrique, aide notre développement mental.

Afrique, aide l'Europe à entrer dans la nouvelle histoire.

vendredi 26 juin 2009

L'Appel de Bora Bora

Le G20 du 2 avril dernier à Washington s’était achevé sur une déclaration assez décevante (ici sur le site de l'Elysée) car elle limitait la crise actuelle à un dysfonctionnement des institutions financières, en occultant la crise sociologique beaucoup plus profonde dont elle est la manifestation. 


Un autre appel, beaucoup moins médiatisé, a lui été lancé simultanément depuis Bora Bora par le sociologue Edgar Morin, le prospectiviste/politologue Pierre Gonod et l'artiste Paskua. Ensemble, et avec un collectif de 500 artistes, ils ont appellé à un « Mouvement pour la métamorphose du monde ». Ils proposent 7 axes de réforme : : la réforme politique, politique de l’humanité et de civilisation ; réformes économiques ; réformes sociales ; réforme de la pensée ; réforme de l’éducation ; réforme de vie ; réforme moraleCette analyse me semble beaucoup plus complète que celle du G20. Quitte à avoir une crise autant en faire le véritable diagnostic et en tirer les vraies leçons. (Le texte de l'Appel de Bora Bora cité ci-dessous provient du site de Paskua.)


APPEL A LA METAMORPHOSE DU MONDE

ADRESSE AUX ARTISTES

PAR EDGAR MORIN, PIERRE GONOD ET PASKUA

 

 

Chers amis,

 

Permettez nous de vous saluer et de vous féliciter pour votre initiative de former le groupe « Métamorphose ». Nous ne nous étonnons pas que les premiers à s’engager dans ce combat pour le futur soient des artistes. Ils ressentent plus profondément et  plus vite que les autres la souffrance et les espérances du monde, leurs œuvres libèrent des forces génératrices – créatives. Nous vous invitons à mettre vos talents au service du vaste mouvement pour la métamorphose du monde dont vous serez les pionniers. L’œuvre singulière de notre ami Paskua en incarne l’avant-garde.

 

Vous êtes témoins et acteurs de la crise du monde qui affecte toutes les sphères. Une analyse systémique montre  qu’elle est le résultat de  l’enchevêtrement de multiples composants, des relations et rétroactions innombrables qui se tissent entre des processus extrêmement divers ayant pour sièges les systèmes économiques, sociaux, démographiques, politiques, idéologiques, religieux, l’éthique, la pensée, le mode de vie, l’écosystème, tous en crise.

Le vaisseau spatial terre n’a pas de pilote. Ses quatre moteurs, la science, la technique, l’économie, le profit, sont, chacun incontrôlé. En l’absence d’une gouvernance mondiale, le vaisseau va vers la catastrophe. C’est l’hypothèse la plus probable.

L’improbable c’est la capacité d’une guidance en temps utile pour suivre un autre itinéraire permettant de traiter les problèmes vitaux pour l’humanité, en premier lieu la dégradation de la biosphère sans oublier les menaces nucléaires qui ne sont pas disparues.

Il faudrait une métamorphose, qui dans l’état de conscience actuelle est une hypothèse improbable, quoique non nulle. Mais qu’est, au fait, une métamorphose ? Sinon le changement d’une forme en une autre, et, en biologie, une transformation importante du corps et du mode vie au cours du développement de certains animaux comme les batraciens et certains insectes. Ainsi on parle des métamorphoses du papillon ou des grenouilles. Ici l’auto-destruction est en même temps auto-construction, une identité maintenue  dans l’altérité.

Plus généralement la naissance de la vie est une métamorphose d’une organisation chimico-physique. Les sociétés historiques le sont devenues à partir d’un agrégat de sociétés archaïques. Vie et société sont le produit de métamorphoses. Elles sont en danger. L’histoire c’est aussi l’issue tragique du développement d’une capacité à détruire l’humanité. Il y a donc la nécessité vitale d’une meta-histoire. Il n’a pas de fin de l’histoire, contrairement à la thèse de Fukuyama qui avait tiré du triomphe du capitalisme la conclusion de sa pérennité. Les capacités créatrices ne sont pas épuisées. Une autre histoire est possible.

 

Il y a des raisons d’espérer.

 

L’Homme Générique  de Marx exprime ses vertus génératrices et créatrices inhérentes à l’humanité. Il y a toujours en lui  ces capacités. On peut user de la métaphore des cellules souches dormantes dans l’organisme adulte et que la biologie moderne  a révélées. De même, il y a dans les sociétés normalisées, stabilisées, rigidifiées, des forces génératrices-créatrices qui se manifestent. : « International art movement for the metamorphosis of the world » en est la preuve.

 

La crise financière et économique pousse actuellement nombre de dirigeants et d’économistes réveillés de leur torpeur à « réformer le capitalisme ». C’est une nécessité que certains considèrent encore comme une contrainte conjoncturelle. Mais il s’agit d’une crise systémique, beaucoup plus large et profonde, la crise planétaire multidimensionnelle. Et avec elle est concerné l’ensemble des peuples. C’est dans leur sein que vont s’éveiller des forces créatrices et une volonté transformatrice. Si une hirondelle ne fait pas le printemps, des signes forts sont apparus.

Ainsi, de Seattle à Porto Alegre s’est manifestée une volonté de répondre à la mondialisation techno-économique par le développement d’autres formes de mondialisation, allant vers l’élaboration d’une véritable « politique de l’humanité », qui devrait dépasser l’idée de développement.

Nul ne peut faire l’impasse sur l’aspiration multimillénaire de l’humanité à l’harmonie, qu’elle prenne la forme du paradis, des utopies, des idéologies libertaire, socialiste, communiste, puis des révoltes juvéniles des années 60 (Peace-Love). Cette aspiration n’a pas disparu. Elle se manifeste par des myriades de pensées, d’initiatives, d’actions multiples dispersées dans la société civile et qui sont ignorées par les structures politiques et administratives sclérosées.

Les grands mouvements de transformation commencent toujours de façon marginale, déviante, modeste, voire invisible. Il en a été ainsi des religions, de Bouddha, Jésus, Mahomet, du capitalisme, de la science moderne, du socialisme. Aujourd’hui l’alter-mondisme devient un terme à prendre à la lettre : l’aspiration à un autre monde.

Des centaines de propositions ont vu le jour, cela ne suffit pas à en faire un projet sociétal cohérent, alternatif, réaliste et visionnaire. C’est ce « supplément d’âme » que nous proposons avec les « 7 réformes fondatrices » d’une « Voie nouvelle ».


À cette fin, 7 orientations principales sont proposées : la réforme politique, politique de l’humanité et de civilisation ; réformes économiques ; réformes sociales ; réforme de la pensée ; réforme de l’éducation ; réforme de vie ; réforme morale.

 

1 Réforme politique :  politique de l’humanité et de civilisation

 

La voie en a été tracée par des travaux successifs pour régénérer la pensée politique (1).

Il y a plus de 40 ans Edgar Morin constatait la crise de la politique à tous les échelons. La politique en miettes trahissait la difficulté, l’échec dans la gestation d’une politique de tout l’être humain, ou anthropolitique.  C’est ce dernier concept majeur qui sera développé et enrichi dans des œuvres successives (2).

Aujourd’hui, avec la mondialisation, la crise politique est à la fois plus profonde et généralisée, elle touche tous les niveaux et conduit à veiller à penser en permanence et simultanément planétaire, continental, national et local.

 

La politique de l’humanité est planétaire et « la terre-patrie » est l’héritière concrète des internationalismes, encore en germe au sein de l’alter-mondialisme.

 

Il s’agit de sauvegarder indissolublement l’unité et la diversité humaine. Le trésor de l’unité humaine est la diversité, le trésor de la diversité est l’unité. Il s’ensuit la nécessité d’institutions planétaires pour la sauvegarde de l’humanité, compétentes pour traiter les problèmes vitaux et mortels de la biosphère, de l’économie, des inégalités sociales, de l’infériorité du statut de la femme, des armes de destruction massive.

Dans le monde global, le développement d’une conscience planétaire est la dimension du défi, et est inséparable de celle du destin commun de l’humanité. Cette conscience entière, encore embryonnaire, sera la condition de la réforme de l’ONU, instance d’une société-monde dotée d’un système juridique, d’une gouvernance, d’un horizon de démocratisation, de solidarité, de fraternité. À son tour l’institution rétroagira positivement sur le développement de la conscience planétaire.

 

C’est aussi à l’échelle globale qu’il convient de revenir sur l’idée de développement qui est devenu le leitmotiv de tous les discours politiques. Il faut dépasser cette notion ou développer l’idée elle-même.

 

Sa carence tient à son noyau exclusif technico-économique fondé sur le seul calcul.  Le développement technico-économique est conçu comme la locomotive qui doit forcément entraîner démocratie et vie meilleure. La réalité est plus ambivalente. C’est aussi la destruction des solidarités traditionnelles, l’exacerbation des égoïsmes, et, finalement, l’ignorance des contextes humains et culturels. En effet, le développement tel qu’il est pratiqué s’applique de façon indifférenciée à des sociétés et cultures très diverses, sans tenir compte de leurs singularités, de leurs savoirs, savoir-faire, arts de vivre, y compris chez les peuples que l’on réduit à une vision analphabétisme alors qu’on en ignore les richesses de leurs cultures orales traditionnelles.

 

Le développement repensé doit respecter les cultures et intégrer ce qu’il y a de valable dans l’idée actuelle de développement, mais pour le concevoir dans les contextes singuliers de chaque culture ou nation.

La politique de réforme de la civilisation concerne toutes les parties du monde occidentalisé. Elle s’exercerait contre les effets négatifs croissants du « développement » de notre civilisation occidentale, viserait à restaurer les solidarités, re-humaniser  les villes, revitaliser les campagnes. Elle renverserait l’hégémonie du quantitatif au profit de celle du qualitatif, de la qualité de la vie, « moins mais mieux », contribuerait à la réforme de vie.

Elle reconsidérerait nécessairement la notion de croissance, dépassant l’alternative croissance/décroissance, elle prendrait en compte ce qui doit croître ou décroître, ce qui doit demeurer stationnaire, au terme d’une réflexion plus complexe que la croissance à tout prix.

Une telle réforme, de portée planétaire pourrait et devrait être entreprise à l’échelle d’une nation, exemple pour son extension à l’échelle continentale. L’Union Européenne et l’Amérique Latine paraissent plus mûres pour s’engager dans cette nouvelle voie.

 

2 Réformes économiques

 

La débâcle financière, la récession économique, les plans de sauvetage du crédit, condition permissive du capitalisme, la protection par l’Etat d’industries entières comme l’automobile, la relance de dépenses d’infrastructure, conduisent les dirigeants d’un monde désormais pleinement capitaliste à essayer de le remettre sous contrôle, à placer « un pilote dans l’avion ». Simultanément à notre réunion et cet appel,  le G20 se réunit. Nous verrons ce qu’il en sort. Nous verrons s’il s’agit d’un jeu à somme nulle, chacun  protégeant son économie et se gardant que les partenaires en bénéficient.

Les victimes de la crise ne sont pas les banquiers, ni les riches, mais les gens pauvres des pays riches et les pauvres des pays pauvres. La récession crée du chômage, mais elle est aussi prétexte à licenciements pour, dans le cadre d’une compétition féroce, réduire les dépenses salariales afin d’assurer les profits. Les dirigeants du monde ne sont pas frappés subitement par la grâce de la nuit française du 4 août 1789 et l’abolition des privilèges, la plupart d’entre eux en sont les défenseurs. Il faut donc, en plus de la contrainte du sauvetage du système, la poussée des forces sociales dispersées dans le monde, pour donner un sens aux mesures et ouvrir une nouvelle voie, établir une institution permanente, sorte de  conseil de la sécurité économique, chargé des régulations de l’économie planétaire et du contrôle des spéculations financières.

La sortie du modèle énergétique actuel est le grand chantier du siècle. Il n’est plus durable, non seulement en raison de l’épuisement, un jour ou l’autre, des ressources pétrolières, mais de la détérioration de l’environnement, du changement climatique dont il est vraisemblablement  une des causes.  On ne sous-estime pas le mouvement de recherche et développement d’amélioration des rendements énergétiques et des énergies renouvelables, mais le principal tient à la réforme du modèle de développement et à celle du mode de vie.

Il faudra faire face aussi à un autre défi mondial : nourrir l’humanité. Bien que le boom démographique se soit atténué, il n’en demeurera pas moins que dans 50 ans il y aura -sauf pandémie mondiale- 9 milliards d’êtres à nourrir. Les superficies cultivables n’étant pas extensibles, il faudra augmenter les rendements des terres. Comment ? Par l’utilisation massive des engrais et pesticides, dont on mesure les dégâts dans les pays qui ont industrialisé leur agriculture ? L’irrigation, qui consomme la plus grande part de l’eau, qui, par ailleurs, devient une ressource rare ? Par la modification génétique des organismes, avec les interrogations redoutables pour l’environnement et la mise en tutelle des paysans par les monopoles ?

Politiques de l’énergie et de la faim peuvent être en opposition. Celle des biocarburants à partir de produits agricoles signifie que la priorité est donnée, implicitement, au modèle de consommation actuel de l’énergie, et que le reste compte moins.

Il faudra que la communauté internationale fasse des choix clairs.

 

Quel autre modèle est envisageable ?

 

D’abord par un New Deal de grands programmes collectifs à l’échelle de l’humanité. Ces grands programmes mondiaux devraient être complétés par des programmes continentaux et nationaux

Le dégagement de la tyrannie des marchés internationaux requiert localement l’essor d’une économie plurielle. Des initiatives sont en cours, par exemple la création et l’extension des mutuelles, des coopératives de production et de distribution, les coopératives de femmes en Afrique et en Asie, le commerce de proximité de l’alimentation, le commerce équitable, des entreprises citoyennes, l’agriculture fermière et biologique, le micro-crédit, voire des monnaies locales. Toutes ces actions, au raz du sol, nées dans le système et à cause de lui, sont autant de chrysalides de la métamorphose

 

3 Réformes sociales

 

Le monde crie d’inégalités et d’injustices. Les idéaux libertaires, socialistes, communistes, ont historiquement combattu celles-ci. De nouveau l’internationalisme, mais planétaire cette fois, est à l’ordre du jour. La pauvreté continue à frapper une grande partie de la population du globe, alors que jamais les disponibilités scientifiques, techniques n’ont été aussi grandes. Les inégalités s’expriment grossièrement par les inégalités du PIB entre nations et par personne.

Le rêve ancien de l’utopie égalitaire, par exemple, un revenu universel d’existence, reste une visée qui n’est pas celle des institutions internationales actuelles. Les différenciations ont grandi avec la mondialisation. Le Tiers-Monde  des années 60 a volé en éclats. L’économie pétrolière a donné une rente de situation aux pays du Golfe, qui ont fait appel à des migrants, corvéables et rejetables. La Chine, virée au capitalisme sauvage, réalise l’accumulation primitive sur le dos des masses paysannes. Sa percée industrielle pour les biens manufacturés, si elle permet, heureusement, des progrès du niveau de vie interne, a pour contre partie la suppression d’emplois ailleurs et une pression sur les salaires des pays développés. Le problème est devenu la répartition du profit à l’échelle mondiale. Comment permettre la progression du niveau de vie dans les pvd sans altérer celui des pays développés et résorber les inégalités partout ? Comment faire converger des forces sociales défendant leurs revendications nationales dans un ensemble plus vaste dominé par les firmes multinationales ?

Nous pourrions en Europe fournir de premières réponses. L’harmonisation salariale « vers le haut » est le combat à venir, car il est clair que le capital tentera de faire supporter le poids de la crise à ses salariés. L’harmonisation de la protection sociale, et celle de la fiscalité, sont d’autres chantiers.

Qu’en est-il aussi de la retraite des personnes âgées. Fort heureusement l’espérance de vie a augmenté suite aux progrès de la médecine et de l’hygiène. Mais cette prolongation est très inégale entre, par exemple Haïti et le Japon, et en France entre cadres supérieurs et ouvriers. La conséquence de l’allongement de la vie c’est le vieillissement de la population, et avec elle, partout, la difficulté du financement des retraites et de la protection sociale. Vaste question qui ne peut-être reportée en attendant l’hypothétique retour de la croissance et qui met à l’épreuve la solidarité intergénérationnelle. Des normes mondiales, là encore, seraient en phase avec le problème sociétal.

 

Les réformes économiques et sociales sont en relation récursive. Les choix dans la division internationale du travail déterminent les choix sociaux et réciproquement. Ils doivent être traités de pair en anticipant leurs conséquences, y compris leurs impacts géopolitiques.

 

4 Réforme de la pensée

 

Il est difficile de penser le présent de la crise planétaire et ses perspectives. D’autant que la vitesse des transformations et la mondialisation qui agissent sur toutes les sphères brouillent les représentations. La complexité de la situation donne le vertige et conduit la plupart d’entre nous à un sentiment d’effroi et d’impuissance qui amènent à renoncer à sa compréhension et à l’action.

La compréhension du monde  est impossible avec le morcellement actuel de la pensée. L’enfermement disciplinaire rend inapte à percevoir et concevoir les problèmes fondamentaux et globaux, d’où la nécessité d’une pensée complexe qui puisse relier les connaissances, les parties au tout, le tout aux parties, et qui puisse concevoir la relation du global au local et du local au global. Nos modes de pensée doivent intégrer un va-et-vient constant entre ces niveaux.

Pour dominer la complexité du monde, le système de pensée doit être complexe.

Si nos esprits restent dominés par une façon mutilée, incapable de saisir les réalités dans leur complexité et dans leur globalité, si la pensée philosophique reste enfermée dans des jeux de dentelle, alors nous allons vers des catastrophes. Seule une pensée apte à saisir la complexité non seulement de nos vies, destins, de la relation individu-société-espèce, mais aussi celle de l’ère planétaire, peut opérer le diagnostic  de la course de la planète vers l’abîme, et définir les orientations qui permettraient de donner un fil directeur aux réformes primordiales.

En bref, seule une pensée complexe peut nous armer pour préparer la métamorphose globale, sociale, individuelle et anthropologique.

 

5 Réforme de l’éducation

 

Elle est peut-être la condition permissive de tout le reste.

 

L’éducation forme un guide d’existence, individuel et collectif, un modèle qui se transmet entre générations. C’est un système de puissance lourde, à inertie et temps long. C’est pourquoi elle est au cœur de l’évolution des sociétés.

La transmission de connaissances ne met pas à l’abri des erreurs et illusions qui parasitent l’esprit humain. Il s’agit d’armer chaque esprit dans le combat vital pour la lucidité. Il est donc nécessaire d’introduire et de développer dans l’enseignement l’étude des caractères cérébraux, mentaux, culturels, des processus et modalités des connaissances, des dispositions tant psychiques que culturelles. Cette remarque préalable soulève le problème de l’adéquation de l’éducation actuelle et de son contenant.

Les principes d’une connaissance pertinente  sont les suivants : promouvoir une connaissance capable de saisir les problèmes globaux et fondamentaux pour y inscrire les connaissances partielles et locales ; enseigner la condition humaine ; expliquer l’identité terrienne ; éveiller à la compréhension de l’autre. Partant de ceux-ci il faut bâtir de nouveaux curricula.

 L'enseignement doit contribuer, non seulement à une prise de conscience de la trinité individu-espèce-société, et ce qu’elle implique comme comportement vis-à-vis des autres et de la nature, avec notre Terre-Patrie, mais aussi permettre que cette conscience se traduise en une volonté de réaliser la citoyenneté terrienne.

 

6 La réforme de vie

 

C’est le problème concret sur lequel devraient converger toutes les autres réformes.

 

Nos vies sont dégradées et polluées par l’état monstrueux des relations entre les humains, individus, peuples, par l’incompréhension généralisée d’autrui, par le prosaïsme de l’existence consacrée aux taches obligatoires que ne donnent pas de satisfaction, et qui déferlent à présent dans le monde entier, par opposition à la poésie de l’existence qui est congénitale à l’amour, l’amitié, la communion, le jeu.

La recherche d’un art de vivre est un problème très ancien abordé par les traditions de sagesse des différentes civilisations et en occident par la philosophie grecque. La réforme de vie vise à régénérer  l'art de vivre en art de vivre poétiquement. Elle se présente de manière particulière dans notre civilisation occidentale caractérisée par l'industrialisation, l'urbanisation, la recherche du profit, la suprématie donnée au quantitatif… Civilisation qui régit aujourd’hui sur la planète apportant non seulement ses indéniables vertus mais aussi ses moins indéniables vices et dégradations qui se sont révélées dans le monde occidental d'abord et qui déferlent à présent dans le monde entier.

L’homme vit aujourd’hui dans une « Technosphère ». Et il en fait partie intégrante. Malgré l’essor récent des biotechnologies, c’est la civilisation mécanique qui domine depuis la révolution industrielle du 20 e siècle, et dont la robotisation constitue le point dominant. Le chronomètre est le maître, et, avec lui, les cadences de travail, la réduction des temps alloués et le stress, les flux tendus dans l’entreprise, contraintes de la compétitivité et du profit à court terme. Les nouvelles technologies de l’information, potentiellement libératoires de la communication personnelle, deviennent une tyrannie avec le téléphone portable, la perte de liberté qui s’ensuit quand tout individu peut-être suivi voire traqué n’importe où.  Ainsi, la combinaison  de l’évolution de la civilisation industrielle sous l’emprise des nouvelles technologies, des nouvelles conditions du  travail et du profit, provoque une mutation par rapport au temps, l’urgence se transforme en instantanéité. Le culte de l’urgence conduit à une société malade du temps, et qui perd le temps de vivre. Elle se défend en  revendiquant du temps libre.

La société en devient consciente et réagit avec les moyens dont elle dispose. L’aspiration à « une vraie vie » se manifeste sous la forme d’antidotes au mal-être physique, moral et spirituel par le recours aux psychiatres, psychanalystes, aux psychotropes, addictions et drogues diverses. Elle se tourne aussi vers la religion, l’occultisme, pour satisfaire ses besoins spirituels étouffés dans une civilisation vouée aux besoins matériels, à l’efficacité et à la puissance.

 

 La réforme de vie doit nous conduire à vivre les qualités de la vie, à retrouver un sens esthétique, à travers l'art bien sûr mais également dans la relation à la nature, dans la relation au corps, et à revoir nos relations les uns aux autres, à nous inscrire dans des communautés sans perdre notre autonomie. C'est le thème de la convivialité évoqué par Illich dans les années 70. Il existe aujourd'hui, un peu partout, des germes de cette réforme. Ils apparaissent à travers l’aspiration  à une autre vie, le renoncement à une vie lucrative pour une vie d’épanouissement, les choix de vie visant à mieux vivre avec soi-même et autrui, ainsi que dans une recherche d’accord avec soi-même et le monde. Cette aspiration à vivre "autrement" se manifeste de façons multiples et l'on assiste à des recherches tâtonnantes, un peu partout recherche de la poésie de la vie, amours, fêtes, copains, raves parties. Si on considère ensemble ces éléments qui, séparément, semblent insignifiants, il est possible de montrer que la réforme de vie est inscrite dans les possibilités de notre civilisation. Le dénominateur commun en est : la qualité prime sur la quantité, le besoin d’autonomie est lié aux besoins de communauté, la poésie de l’amour est notre vérité suprême.

La prise de conscience que « la réforme de la vie » est une des aspirations fondamentales dans nos sociétés est un levier qui peut puissamment nous aider à  ouvrir la Voie.

 

7 La réforme morale

 

Barbarie de nos vies ! Nous ne sommes pas intérieurement civilisés. La possessivité, la jalousie, l’incompréhension, le mépris, la haine, l’aveuglement sur soi-même et sur autrui sont notre quotidien. Que d’enfers domestiques sont les microcosmes de l’enfer plus vaste des relations humaines.

Nous retombons là sur une préoccupation très ancienne puisque les principes moraux sont présents tant dans les grandes religions universalistes que dans la morale laïque. Mais les religions qui ont prôné l’amour du prochain ont déchaîné des haines épouvantables, et rien n’a été plus cruel que  ces religions d’amour.

Il semble donc évident que la morale mérite d’être repensée  et qu’une  réforme  doit l’inscrire dans le vif du sujet. La réforme morale nécessite, d’abord,  l’intégration, dans sa propre conscience et sa propre personnalité, d’un principe d’auto-examen permanent, car, sans le savoir, nous nous mentons à nous-mêmes, nous nous dupons sans cesse.

Si on définit le sujet humain comme un être vivant capable de dire « je », autrement dit d’occuper une position qui le met au centre  de son monde, il s’avère que chacun de nous porte en lui un principe d’exclusion (personne ne peut dire «je » à ma place). Ce principe agit comme un logiciel d’auto-affirmation égocentrique, qui donne priorité à soi sur toute autre personne ou considération  et favorise  les égoïsmes. Dans le même temps, le sujet porte en lui un principe d’inclusion qui nous donne la possibilité de nous inclure dans une relation avec autrui, avec les « nôtres » (famille, amis, patrie), et qui apparaît dès la naissance où l’enfant ressent un besoin vital d’attachement. Ce principe est un quasi logiciel  d’intégration dans un nous, et il subordonne le sujet, parfois jusqu’au sacrifice de sa vie. L’être humain est caractérisé par ce double principe, un quasi  double logiciel : l’un pousse à l’égocentrisme, à sacrifier les autres à soi ; l’autre pousse à l’altruisme, à l’amitié, à l’amour... Tout, dans notre civilisation, tend à favoriser le logiciel égocentrique. Le logiciel altruiste et solidaire  est partout présent, inhibé et dormant, et il peut se réveiller.  C’est donc ce logiciel  qui doit être développé.

Il faut donc concevoir également une éthique à trois directions, en vertu de la trinité humaine : Individu-société-espèce, les trois en interrelations permanentes.

Dans ce sens, l'éthique individu-espèce nécessite un contrôle mutuel de la société par l'individu et de l'individu par la société, c'est-à-dire la démocratie; et au xxie siècle la solidarité terrestre.

L'éthique doit se former dans les esprits à partir de la conscience que l'humain est à la fois individu, partie d'une société, partie d'une espèce. Nous portons en chacun de nous cette triple réalité. Aussi, tout développement vraiment humain doit-il comporter le développement conjoint des autonomies individuelles, des participations communautaires et de la conscience d'appartenir à l'espèce humaine.

À partir de cela s'esquissent les deux grandes finalités éthico-politiques du nouveau millénaire : établir une relation de contrôle mutuel entre la société et les individus par la démocratie, accomplir l'Humanité comme communauté planétaire.


En conclusion : limites et possibilités


Les réformes sont interdépendantes. Les réformes morale, de la pensée, de l’éducation, de civilisation, de la politique, celle de la réforme de vie s’entr’appellent les unes les autres. Par là même leurs développements créeraient une synergie, une dynamique nouvelle qui serait plus que leur somme.

Ceci est une énorme potentialité, mais nous devons aussi être conscients de leur limite.  Homo est  non seulement sapiens, faber, economicus, mais aussi demens mythologicus, ludens…   On ne pourra jamais éliminer la capacité délirante, on ne pourra jamais rationaliser l’existence (ce qui serait au demeurant, la normaliser, la standardiser, la mécaniser…)  On ne pourra jamais réaliser l’utopie de l’harmonie permanente, du bonheur assuré.

Ce qu’on peut espérer  c’est non plus le meilleur des mondes, mais un monde meilleur.

Revenons au point de départ : nous allons vers l’abîme. Mais il y a des milliards de chrysalides végétales, animales, humaines qui sont en métamorphose. Ce sont des forces immenses potentielles mais conditionnées à leur environnement. Concernant l’humanité des forces, encore virtuelles pour l’essentiel, doivent se mobiliser. L’abîme comme la métamorphose ne sont pas fatals.

La Voie des sept réformes proposée ici nous semble la seule susceptible de  régénérer assez le monde pour faire advenir la métamorphose, pour un monde meilleur.

En faire une réalité suppose la mobilisation de tous ceux qui y aspirent, en un véritable


Mouvement pour la Métamorphose du Monde.

 

Edgar Morin, philosophe, sociologue

Pierre F. Gonod, prospectiviste, politologue

Paskua, artiste plasticien

 


(1) Voir Edgar Morin « Introduction à une politique de l’homme » Seuil 1965 

(2) «  Pour une politique de civilisation » Arléa 2002 ; « Terre-patrie » Seuil 1993

 Le site de Pierre Gonod 

 La page Wikipedia sur Edgar Morin  

 La page Wikipedia sur Paskua  

dimanche 21 juin 2009

Un monde sans énergies fossiles


L’humanité s’inquiète de la fin prochaine des réserves en énergies fossiles. Pour trouver un successeur au pétrole, il faudra être extrêmement imaginatif. Même par ces temps de crise les plans les idées les plus folles ne manquent heureusement pas.


A moins de quarante ans, l’israélien Shai Agassi entrait au comité directeur du géant allemand du logiciel SAP. Rien ne le prédestinait à sauver le monde, et pourtant un beau jour de 2007 il a commencé à réfléchir à la possibilité d’un monde sans pétrole. Lorsqu’il s’aperçut que 25% du pétrole était brûlé par les voitures, il s’est dit qu’il fallait commencer par inventer une voiture sans essence. Après avoir éliminé les moteurs à hydrogène (trop complexes à mettre au point en un temps rapide) et les biocarburants (extrêmement consommateurs en eau), il se pencha sur les voitures électriques. Le gros problème de ces véhicules réside dans la batterie. Même avec une avancée technologique majeure, une batterie électrique ne permettra jamais de parcourir une grande distance et même en mettant en place un réseau de stations pour recharger ces batteries, on butera toujours sur le temps nécessaire pour effectuer ce rechargement. C’est là que Shai Agassi a eu l’idée de génie : plutôt que de recharger la batterie, pourquoi ne pas en changer ? Très rapidement il imagina une sorte de station de lavage sur laquelle vous pourriez garer votre voiture et en moins d’une minute un robot s’occuperait de remplacer votre batterie épuisée par une batterie neuve.


Shai Agassi a alors quitté SAP pour fonder sa société baptisée Better Place. Doué aussi bien pour la technique que les affaires, il a très rapidement levé 400 millions d’euros pour développer son concept. Renault-Nissan a été le seul constructeur à lui faire confiance et s’est engagé à construire d’ici 2011 une voiture sans CO2 à moins de 20 000 euros, compatible avec le concept Better Place. Dans 2 ans, Shai Agassi pense disposer, pour la seule Israël, un réseau de 150 000 bornes de rechargement et d’une centaine de stations de changements de batteries. D’autres projets pilotes sont en cours au Danemark et en Australie.


Shai Agassi était invité à la conférence TED de cette année, et je vous recommande de l’écouter, tellement il est enthousiasmant.



J’aime en particulier les deux anecdotes qu’ils citent pour justifier qu’il faut développer une auto à 0% de CO2 et non pas réduire de 20% ses émissions:

  • Tout d’abord il rappelle que Kennedy s’était engagé à envoyer un homme sur la Lune et à le ramener, et non pas l’envoyer à 20% du chemin et à le ramener avec une probabilité de 20% (Shai Agassi fait allusion au paquet Energie-Climat que la Commission Européenne a entériné in extremis fin 2008. Dans cette directive, il est stipulé que d'ici 2020, les états membres de l'Union Européenne devront réduire de 20% leurs émissions de CO2, devront effectuer 20% d'économies d'énergie et produire 20% de leur énergie sous une forme renouvelable). 
  • Il cite aussi les discussions au sein du parlement anglais sur l’esclavage il y a deux siècles : certains parlementaires voulaient une suppression progressive, mais finalement l’esclavage fut aboli totalement. Moins d’un an après, la révolution industrielle démarrait. Selon lui, l’humanité devrait pouvoir basculer dans l’ère post-énergie fossile avec la même rapidité, mais il faut une rupture technologique radicale. Pour Shai Agassi, notre dépendance aux énergies fossiles, est un problème avant tout moral (notamment vis-à-vis des générations futures) comme l'esclavage.


Mais comment fournir l’électricité nécessaire à toutes ces batteries ? Avec des énergies renouvelables pardi ! Et les projets ambitieux ne manquent pas dans ce domaine. Le solaire est certainement celui qui bouge le plus en ce moment et la semaine dernière nous avons eu des nouvelles du projet pharaonique issu de la Fondation Desertec. L’objectif est d’installer de gigantesques centrales solaires au milieu du Sahara et d’acheminer ensuite l’électricité ainsi produite vers l’Europe. Ce projet à 400 milliards de dollars est soutenu par le Club de Rome, les électriciens allemands E.ON et RWE, ainsi que Siemens, Munich Re et Deutsche Bank. Une présentation aux investisseurs potentiels est prévue le 13 juillet prochain.


Pour que cette énergie puisse alimenter les automobiles de Shai Agassi, il reste à voir si le prix du MWh produit et acheminé vers l’Europe pourra l’être à un coût compétitif. En tout cas, tant que l'humanité continue à rêver de projets aussi utopiques, rien n'est fichu.


lundi 8 juin 2009

Un poète dans l'espace


Il n’est pas toujours aisé pour un astronaute de pouvoir transcrire les émotions ressenties en orbite. Conditionnés comme des pilotes d’essai pour réaliser des actions précises et pour décrire exactement ce qu’ils voient et ce qu’ils font, ils n’ont que peu de temps pour observer et commenter l’incroyable spectacle qu’ils ont sous les yeux. Lorsqu’ils ont la chance de rester longtemps à bord de la Station spatiale Internationale, des moments d’oisiveté leur laissent le temps de s’abandonner à la rêverie, et leurs paroles sont souvent extraordinaires (cf. le post intitulé Le Portrait de Gaïa) alors que la poésie n’est pas nécessairement leur truc.


Compte tenu de l'intensité émotionnelle de l'expérience en orbite, on peut se demander ce qui adviendrait si on envoyait un véritable artiste ou un poète en orbite. Nous le saurons bientôt car l’âge du tourisme spatial va rendre cela possible. En effet, le prochain touriste spatial ne sera plus un ingénieur entrepreneur devenu milliardaire, mais un artiste (milliardaire évidemment) : c’est le Canadien Guy Laliberté qui s’envolera le 30 septembre prochain depuis Baikonour à bord de la capsule Soyouz vers la Station Spatiale Internationale et y restera 10 jours.


Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas Guy Laliberté, sachez qu’il est le fondateur du Cirque du Soleil. Guy Laliberté est aussi le fondateur de l’association One Drop. Son voyage il considère d’ailleurs que cette escapade céleste est une Mission sociale poétique dans l’espace au nom du rêve « L’eau pour tous, tous pour l’eau » porté par sa fondation. Vous pouvez l'écouter dans la vidéo ci-dessous présenter son projet en direct de la cité des étoiles à Baikonour où il suit en ce moment son entraînement. Son accent québecois est irrésistible. Il est encore en train d'élaborer le projet artistique autour de la mission avec son équipe. Compte tenu du savoir faire du Cirque du Soleil, on peut être certain que Guy Laliberté va nous faire rêver comme ils ne l'ont encore jamais fait, et en plus pour nous faire prendre conscience du problème de l'eau, qui est sans doute l'un des plus critiques pour l'humanité. Je vous tiendrai au courant sur ce blog sur l'évolution de ce projet.


PS : Ne trouvez vous pas qu’il y a une ressemblance entre Guy Laliberté et le mystérieux S.R. Hadden, milliardaire reclu qui vit en orbite dans le film Contact tiré du roman éponyme de Carl Sagan ? Peut-être une préfiguration de ce que sera Guy Laliberté dans quelques années ?


jeudi 4 juin 2009

Espace Magazine renaît de ses cendres


Il y a quelques mois, je vous avais annoncé avec tristesse la fin de l'extraordinaire revue Espace Magazine. Olivier Sanguy, créateur et principal rédacteur de la revue, a heureusement rebondit et va lancer un nouveau site Internet baptisé Enjoy Space dédié à l'actualité de l'exploration spatiale (Vous pouvez le découvrir en avant-première en suivant ce lien). Le ton dynamique et pédagogique du site est tout à fait dans l'esprit d'Espace Magazine et l'engouement qu'Olivier Sanguy et son équipe avaient su communiquer à leurs lecteurs est toujours là. En les lisant, l'exploration spatiale redevient une épopée passionnante, riche et variée. Chapeau bas.

Ce site est parrainé par la Cité de l'Espace à Toulouse (photo du site ci-dessus, vous pouvez y admirer une réplique grandeur nature d'Ariane 5 et de la station Mir) et nous lui souhaitons beaucoup de succès... et surtout une longue vie ! Un feed RSS permet de vous abonner gratuitement à toutes les news d'Enjoy Space. Très pratique.