Avec Carnets de Résistance 2008-2010, Jean Brousse nous propose un décryptage visionnaire et chaleureux de l'actualité économique et politique de ces trois dernières années. Sarkozy, Obama, la "crise", Dubaï, le climat, tout y passe.
Ce livre rassemble une sélection des billets d'humeur qu'il poste sur son blog "Je vous embrousse très fort" (vous pouvez aussi obtenir les nouveaux articles de ce blog via la page Facebook du livre). J'aime le ton de ce blog et donc de ce livre. Jean Brousse est un Corrézien émigré à Paris. L'attachement à sa terre natale lui permet de prendre un recul rafraîchissant qui ne gâche en rien la pertinence du point de vue et au contraire l'affûte. Les jeux de mots facétieux côtoient les jugements les plus stricts. Morceaux choisis.
Le monde contemporain, fou, a perdu la notion du temps, du temps de l'homme, qu'il faudra bien réhabiliter pour retrouver, si c'est possible, le calme indispensable à l'exercice d'une vie d'homme. En cas d'éruption chronique de boutons sur le visage, on peut essayer une pommade, mais il vaut mieux soigner le foie. (p. 39)
Bizarre, il y a de la neige en hiver ! Un hiver arrivé pile, en temps pour faire douter ceux qui l'avaient oublié d'un réchauffement de la planète que les dernières surprenantes, poussées de cèpes, il y a dix jours à peine, autorisaient à considérer comme acquis.
Le président français, dont l'énergie doit à elle seule compter pour quelques dixièmes de degrés, s'est re-faché pour réchauffer la discussion de Copenhague...
Pas sûr qu'il ait perturbé sensiblement la conversation entre Barack Obama et les Chinois. (p. 145)
Pendant ce temps, Damien Hirst vendait à Londres chez Sotheby's pour 139 millions sa collection, dont on attendait 80 ! C'est vrai que, compte tenu de tout ce qui se passe de nos jours, avec 10 millions, on n'a plus grand-chose, just un zèbre dans du formol ou un Veau d'or ! (p. 37)
Ses textes sont riches, drôles et éclectiques, comme l'auteur, qui est à la fois, ingénieur, économiste, chef d'entreprise, éditeur, écrivain, amateur de rugby et parolier (et pas de n'importe qui puisqu'il a écrit des textes pour Michel Berger, son ami).
Plutôt que d'énièmes diatribes au vitriol, les mots de Jean Brousse nous font réfléchir tout en nous émouvant (un peu ce que j'ai également essayé de faire, à ma façon, avec mon roman Siècle bleu). Il nous dispense sa sagesse ancestrale corrézienne, qui, par de nombreux côtés, me rappelle celle de ces vieux fous bourguignons qui peuplent les romans d'Henri Vincenot (dont les moustaches avaient été rendues célèbres par cet autre bourguignon, Bernard Pivot), l'un de mes auteurs favoris qui lui aussi sait dire des choses vraies, sans noircir et en entretenant l'espoir.
Chacun de nous devrait tenir ses propres carnets de résistance.
Carnets de Résistance 2008-2010, paru le 7 mai 2010 aux Editions Descartes & Cie.
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