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vendredi 16 septembre 2011

Poursuite du massacre des dauphins au Japon

Chaque année au mois de septembre commence l'horrible massacre des dauphins à Taiji au Japon. Lorsque le film The Cove qui dénonce si brillamment ce massacre peu connu est sorti en 2009 et qu'il a gagné l'oscar du meilleur documentaire en mars 2010, beaucoup ont pensé que les Japonais céderaient. Il n'en a rien été.
Dans le premier tome de Siècle bleu, sorti en avril 2010, j'ai ajouté ma petite pierre à l'édifice en écrivant deux pages sur ce massacre. C'est la scène d'ouverture de la première partie et vous pouvez lire ces pages gratuitement en ligne ici. Il n'y avait aucun effet de mode là-dedans puisque j'avais eu l'idée de cette scène en 2005 comme je l'explique ici. Siècle bleu n'a rien changé aux destins de ces dauphins non plus mais ce n'est pas pour cela qu'il faut renoncer. Il faut continuer à se battre pour que cette horreur cesse.
L'action de l'association "Save Japan Dolphins" de Ric'O Barry que vous pouvez suivre ici sur facebook) et les Cove Guardians de Sea Shepherd (l'organisation qui a inspiré Gaïa dans mon livre) et de nombreux autres militants ont permis de réduire significativement le nombre des dauphins tués (ou capturés pour être vendus aux delphinariums ce qui est de loin la partie la plus lucrative de ce business) pendant la saison 2010/2011. C'est très difficile de savoir de combien. D'ailleurs si l'on se réfère au site Ceta-base, avec un peu plus 1300 dauphins tués dans The Cove en 2010/2011 on est au même niveau que dans les années précédentes (mais ces années-là, il y avait moins d'observateurs dont certainement de nombreux massacres non dénombrés).
La campagne 2011/2012 et les premiers massacres ont été constatés le 7 septembre. La vidéo ci-dessous ne montre pas le bain de sang (vous pouvez la regarder sans craintes) puisque les observateurs ont été arrêtés par la police. En revanche tous les dauphins ont disparu, dont une mère et son petit. Bande de connards.

vendredi 22 octobre 2010

Tragédie des biens communs dans un monde fini



L’idée que nous vivons dans un monde fini m’obsède. Elle est d’ailleurs la clef de voûte du projet Siècle bleu : ce siècle sera celui du monde fini, face à cela l’humanité a le choix d’apprendre à vivre avec les limites de notre monde avec tout ce que cela implique comme changements (option dite "siècle bleu") ou bien basculer dans le chaos (cf. Genèse de Siècle bleu).


L’humanité tâtonne et n’a pour l’instant pas réussi à trouver un mode de gouvernance et une organisation économique qui permettent de gérer la pénurie à venir des différentes ressources naturelles. Si rien n’est fait, nous serons victimes inéluctablement de ce que l’économiste Garreth Hardin appelait la Tragédie des biens communs (tragedy of commons) dans un article célèbre paru en 1968 dans la revue Science (l’article est disponible intégralement et gratuitement).


Le texte original de Garrett Hardin décrit comment l'accès libre à une ressource limitée pour laquelle la demande est forte mène inévitablement à la surexploitation de cette ressource et finalement à sa disparition. Chaque individu ayant un intérêt personnel à utiliser la ressource commune de façon à maximiser son usage individuel, tout en distribuant entre chaque utilisateur les coûts d'exploitation, est la cause du problème.


L’économie de marché qui domine le monde contemporain accélérera ce processus, car elle n’offre pas de rétroactions permettant de gérer la pénurie, la hausse des prix (rétroaction prévue par le marché) n’intervenant bien souvent que trop tard ou jamais. On le voit par exemple pour l’exploitation des stocks de poisson qui s’écroulent en silence. La morue d'Atlantique n'a pas été secourue par le marché (qui se contente aussi bien de colin ou d'une autre espèce), elle a disparu. On le voit plus généralement dans la biodiversité à laquelle l’économie traditionnelle ne donne pas de prix. Le rapport Sukhdev présenté mercredi au sommet international sur la biodiversité qui se tient à Nagoya (Japon) sous l'égide de l'ONU (qui a déclaré 2010 Année Internationale de la biodiversité), nous a rappelé que les services rendus par la nature étaient chiffrables à 23 500 milliards de dollars, soit la moitié du PIB mondial. A nouveau, je ne suis pas sûr qu'intégrer cela artificiellement dans l'économie de marché, comme cela a été le cas avec le CO2, changera quelquechose. Le problème est l'état d'esprit et Einstein disait bien : "Aucun problème ne peut être résolu, sans changer l'état d'esprit qui l'a engendré".


Si la disparition d’espèces animales ou végétales n’émeut pas outre mesure nos décideurs, la pénurie d’autres ressources provoque en revanche un grand stress. On le voit en ce moment en France avec la grève des dépôts de carburant qui préfigure d'ailleurs l’avenir proche si rien n’est fait pour développer des alternatives aux énergies fossiles (et surtout une réduction massive de la demande énergétique). Mais ces alternatives elles-mêmes vont buter sur la finitude d’autres ressources. Prenons par exemple, les voitures électriques (le mieux évidemment étant de n’avoir pas de voitures) qui requièrent du lanthane pour les accumulateurs ou bien les éoliennes qui nécessitent 600 kilos de néodyme pour leurs aimants.


Le lanthane et le néodyme font malheureusement partie de ce que l’on appelle les « terres rares » (ou « métaux rares ») dont 96% de la production est assurée par la Chine et qui sont utilisées dans toutes les industries de pointe (comme l'aéronautique, la défense ou l'électronique).


Ces mystérieux éléments chimiques font depuis un an les titres des journaux car la Chine s’en sert comme d’une arme diplomatique. L’an dernier elle a réduit de 30% ses exportations de terres rares et elle vient d’annoncer une nouvelle réduction de 40%. Officiellement la Chine souhaite d’abord satisfaire sa demande intérieure en plein essor et réorganiser cette filière (qui comportait 130 acteurs épars et que la Chine veut réduire à 3 ou 4). Officieusement, suite à la collision entre un bateau des gardes-côtes japonais et un navire de pêche chinois au large des îles Senkaku (pour les Japonais, les îles étant appelées Diaoyu côté chinois), revendiquées par les deux pays, elle a fait comprendre au Japon sa dépendance des exportations chinoises. Et depuis récemment, c’est les Etats-Unis qui en font les frais (suite à une plainte déposée auprès de l’OMC pour subventions illicites au secteur des énergies renouvelables). Il n’est pas la peine de préciser que les cours de ces métaux ont explosé.


Pour résoudre la tragédie des communs il y a habituellement plusieurs solutions : la nationalisation de la ressource ou l’intervention des pouvoirs publics pour en réguler la consommation. Le problème est qu’ici on parle de ressources dispersées (inégalement) à travers le globe et la nationalisation par l’ONU n’est pas envisageable, pas plus que la régulation qui nécessiterait encore l’organisation de « grands machins » comme le sommet de Copenhague qui dureront un temps infini et ne serviront qu’à montrer la faible cohésion des humains entre eux. Les ressources finies feront donc l’objet d’armes diplomatiques pour ceux qui les possèdent et éveilleront les convoitises des pires mafias. Il faut bien l’avoir en tête pour préparer la transition. A cela, on ne peut qu’essayer de se ramener au bon sens, très bien résumé par ce poème indien :


Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière asséchée, le dernier poisson pêché, l'homme s'apercevra que l'argent n'est pas comestible.


jeudi 23 juillet 2009

Le Coelacanthe : le dernier taxon Lazare ?


Le coelacanthe est bien connu sous le nom commun de poisson préhistorique ou de poisson dinosaure (« dinofish »). En effet, celui-ci n’a subi quasiment aucune modification morphologique en 350 millions d’années, période pour laquelle on dispose de fossiles authentifiés (le coelacanthe est aussi surnommé le "fossile vivant"). On l’appelle aussi « vieux quadrupède » (« old fourlegs ») car il a 4 nageoires épaisses sous le ventre qui rappellent des jambes. Ce sympathique papy peut mesurer jusqu'à 2 mètres et peser 100 kg.


C’est en 1938, en Afrique du Sud que fut découvert le premier spécimen de coelacanthe, dans les filets d’un chalutier qui pêchait à l’estuaire de la rivière Chalumna. Il fut remis par le capitaine du navire à Marjorie Courtney-Latimer pour son musée marin local, le East London Museum (où le poisson naturalisé peut toujours être toujours être admiré). Ne parvenant pas à identifier le spécimen mais pressentant une découverte majeure, elle écrivit à son collègue et ami sud-africain James Leonard Brierley Smith. Celui-ci reconnut un coelacanthe, un poisson que l’on croyait disparu depuis au moins 60 millions d’années avec les grands dinosaures. Le nom de Latimeria chalumnae lui fut donné en référence au lieu où il fut trouvé.


Le professeur Smith se lança alors dans une quête pour trouver un autre spécimen (quête racontée dans son livre Old Fourlegs : The story of the coelacanth). Le suivant ne fut saisi qu’en 1952 aux Comores. Pour les Comoriens, ce n’était d’ailleurs pas une découverte car ce poisson des profondeurs, appelé Gombessa, était certes rare mais bien connu dans la région. Depuis, des coelacanthes ont été pêchés et identifiés dans toute cette région de l’océan Indien (cf. carte ci-dessous). En plus des Comores, la Tanzanie semble être un des autres repères importants pour les coelacanthes.


Une autre espèce de coelacanthe (Latimeria menadoensis) a été découverte en 1997 en Indonésie, relançant le débat sur l’origine des coelacanthes. Vous pouvez voir la vidéo du pauvre animal sur YouTube, juste avant qu’il meure. 



Les coelacanthes vivent entre 100 et 700 mètres de profondeur dans des cavernes volcaniques (c’est pour cela qu’ils meurent rapidement dès qu’ils sont remontés à la surface où la pression est trop faible). Ce n’est qu’en 1997 que l’on disposa des premières vidéos de coelacanthes dans leur habitat naturel. Les images ont été tournées par le chercheur allemand Hans Fricke à l’aide d’un sous-marin de poche. Vous pouvez les voir dans le documentaire « Le Coelacanthe des Comores » (première partie ici, deuxième partie ici). Pour ceux qui n’auraient pas la patience de tout regarder, les images du vieux quadrupède se trouvent à 09:39 dans la seconde partie du documentaire. De nombreuses autres images ont été prises depuis.


Le Coelacanthe des Comores (1/2)


Le Coelacanthe des Comores (2/2)



Le coelacanthe est un exemple de taxon Lazare, un terme de paléontologie désignant une espèce (ou taxon) que l’on croyait éteinte et qui réapparaît (comme Lazare qui ressuscite dans la Bible). Malheureusement, ce phénomène est beaucoup plus rare que l’inverse et il se pourrait que le malheureux coelacanthe regagne la catégorie « espèce disparue » de la Liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) dont on l’avait rayé. 


Le coelacanthe est en effet victime des filets des chalutiers qui traînent de plus en plus profond, mais aussi des braconniers qui peuvent revendre à prix d’or la chair de ce poisson qui donnerait accès à la vie éternelle. Les riches Japonais (encore eux…) seraient très demandeurs. Les collectionneurs privés et les musées (notamment japonais) participent également à l’essor de ce terrible marché noir. Il faut rappeler ici que le trafic d’animaux est le troisième plus gros commerce illégal après la drogue et les armes. Une autre menace plus récente pèse aussi sur le coelacanthe. Afin de développer le commerce et l'économie de la Tanzanie, les autorités envisagent la construction d'un nouveau port dans la baie de Mwanbani permettant d'accueillir des porte-containers. Le trafic induit par ce port serait certainement fatal pour les coelacanthes dont la zone d'habitat est voisine. Un article a été publié en février 2009 dans la revue Nature : Harbour threat for coelacanths de Quirin Schirmeier. Dans la mesure où la population de coelacanthe est estimée à 500 individus, on verra qui gagnera ce bras de fer. Les articles sur cette polémique sont disponibles ici.

 

L'homme qui ne pêche que depuis quelques dizaines de milliers d'années aura-t-il raison de ce tranquille animal, qui avait réussi à survivre 350 millions d'années ? Espérons que l’homo sapiens, c’est-à-dire littéralement l’homme sage donc une espèce disparue, soit aussi un taxon Lazare ! Pour donner du répit à son vieux cousin, l'homme a mis en place des sanctuaires où les chaluts profonds sont interdits (c'est malheureusement dans les sanctuaires que les trafiquants pullulent) . 


Si l’histoire du coelacanthe vous a intéressé, je vous recommande pour cet été la lecture de deux thrillers écologiques dont l’intrigue tourne justement autour du vieux quadrupède.

  • H2O de Patric Nottret, paru aux éditions Robert Laffont en 2004 (et également disponible en poche chez Pocket). Intrigue très bien menée, bien renseigné scientifiquement. Outre le coelacanthe, on y retrouve le scarabée Stenocara (cf. article sur mon blog). Dans le livre, Nottret énonce ces trois principes (p. 83) que je vous laisse méditer :
  1. Plus les projets de préservation de l’environnement bénéficient d’aides financières extérieures, plus les risques de détournements de fonds sont accrus.
  2. Moins un Etat est impliqué dans les projets de préservation de l’environnement de son pays, plus il y a de corruption et de pillage des espèces naturelles
  3. Plus une espèce est protégée, plus elle prend de la valeur, et plus intéresse les trafiquants.
  • Requiem pour un poisson de Christine Adamo, paru aux éditions Liana Levi en 2004 (et également disponible en poche chez Folio Policiers). Christine Adamo maîtrise parfaitement son sujet, c’est normal car elle a participé à la création d’un parc naturel dédié aux coelacanthes aux Comores à la fin des années 90 ! C’est un auteur qui monte. Son dernier opus Web Mortem a été publié au mois de juin chez Albin Michel.

lundi 15 décembre 2008

Whale wars

Depuis le début mois de novembre, la chaîne américaine Animal Planet a réalisé une incroyable série, intitulée Whale Wars, de 7 documentaires sur l'organisation Sea Shepherd dont je vous avais parlé à l'occasion d'un précédent post lors de la visite à Paris de Paul Watson son fondateur. Vous trouverez de nombreuses informations sur le site Internet de l'émission Whale Wars. Au cours des différents épisodes, vous suivrez en "reporter embarqué" la campagne en Antarctique (sanctuaire baleinier) du groupe Sea Shepherd, l'un des grouves activistes écologiques les plus véhéments et surtout l'un des plus rusés, contre les navires japonais pratiquant la pêche illégale des cétacés. 
Le DVD sera disponible à partir de février 2009, mais vous trouverez de nombreux épisodes en circulation sur Internet. Il faudra acheter le DVD car j'imagine qu'une partie des recettes iront à l'association. L'émission a rencontré un très vif succès, et Animal Planet a déjà prévu d'accompagner Sea Shepherd dans d'autres campagnes, pour d'autres saisons de Whale Wars. Peut-être pour dénoncer les massacres de dauphins, également commis par les Japonais et dont je voulais parlé dans un précédent post. La campagne de Taiji est une des campagnes emblématiques de Sea Shepherd et il serait une bonne chose que le monde en prenne connaissance.
Si la série Whale Wars n'était encore pas suffisante, il faudra attendre le film sur Sea Shepherd, où Christian Bale incarnera Paul Watson.

samedi 2 août 2008

Massacre des dauphins au Japon

Attention les images qui suivent devraient heurter votre sensibilité. Réfléchissez avant de cliquer... Chaque année d'octobre à mars, au Sud du Japon, des marins japonais se livrent à une pêche ignoble et tuent des dizaines de milliers de dauphins. Ils attirent les dauphins vers les côtes (en les assourdissant en frappant sur des barres de métal) et ensuite ils les exterminent. Certains spécimens s'en sortent et sont revendus aux delphinariums, les autres finissent dans les étalages de supermarché et sont vendus sous l'appellation kujira (baleine). Chaque année à l'automne, les militants de Sea Shepherd dont je vous ai parlés dans un précédent post tentent de s'opposer à ces massacres. 


Ces images sont extraites du documentaire Earthlings sur la souffrance animalière (âmes sensibles s'abstenir encore davantage). Vous pouvez le découvrir en intégralité sur Google Vidéo (sous-titré en français). Une heure et 35 minutes d'images souvent atroces (la splendide musique de Moby n'y change rien) et toujours  bouleversantes. Ce documentaire changera votre regard sur notre relation au monde animal.