La cérémonie d'ouverture des Jeux de Pékin, placée sous le signe de l'harmonie, a été l'occasion d'une extraordinaire démonstration de soft power par la Chine. Dans un spectacle résolument tourné vers l'avenir (l'embrasement du stade en nid d'oiseau imaginé par le tandem suisse Herzog & de Meuron en est la manifestation la plus incroyable), Pékin a surtout rappelé aux milliards de téléspectateurs son histoire quatre fois millénaire, les inventions dont les Chinois sont à l'origine (poudre, imprimerie, papier, astronomie, arts martiaux...) et que sa population gigantesque était bien là (à travers des tableaux mettant en scène des milliers de figurants).
L'ensemble orchestré par le réalisateur Zhang Limou (Steven Spielberg, qui a longtemps été consultant pour cette cérémonie, a jeté l'éponge en février à cause de l'évolution de la situation au Tibet) était en apparence très pacifique, à l'exception des levers de drapeau énergiquement effectués par les soldats de l'Armée Populaire de Libération (la plus grande du monde). Un autre détail minutieusement réfléchi a été introduit par les Chinois : l'évocation du programme spatial chinois par un taïkonaute sur fond de stade étoilé.
L'image de cet homme en scaphandre pendu au dessus du stade a paru sympathique aux commentateurs du monde entier. Pour les spécialistes du secteur spatial, il fallait le voir surtout comme la bande-annonce d'un événement qui fera la couverture de tous les magazines au mois d'octobre 2008. La Chine finalise en effet la préparation de la mission Shenzou 7 qui enverra 3 taïkonautes en orbite (seuls 2 avaient embarqué à bord de Shenzou 6) mais surtout verra la première sortie extra-véhiculaire chinoise.
Cette manoeuvre spectaculaire (ci-dessous Ed White qui a effectué la première EVA américaine en 1965) et complexe est un élément important pour la maîtrise du vol orbital, la dernière étape sera atteinte avec le vol Shenzou 8 où les Chinois essaieront de réussir un rendez-vous orbital.
Le taïkonaute Yang Liwei, qui avait été en 2003 avec Shenzou 5 le premier chinois en orbite, fait partie des six astronautes sélectionnés pour potentiellement participer à cette mission. Véritable Gagarine chinois, le régime de Pékin ne devrait pas se priver de la participation de ce héros, qui fut d'ailleurs le premier à porter la torche olympique lors de son arrivée à Pékin le 6 août dernier.
Le tour du stade effectué le champion Li Ning suspendu à un filin pour allumer la flamme olympique, constituait une dernière piqûre de rappel. Georges W. Bush, qui tient beaucoup à la suprématie américaine, dans l'espace a dû bien recevoir le message.
Le réalisateur Zhang Limou a en tout cas parfaitement accompli sa mission et il est maintenant clair pour tout le monde que la Chine sait faire autre chose que fabriquer des jouets en plastique ! Yang Liwei sera là pour nous le rappeler en octobre.
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