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lundi 29 septembre 2008

Le ciel ne nous tombera pas sur la tête

Alors qu’un jeu de massacre financier sans précédent se déroule sur Terre, deux bonnes nouvelles nous sont venues de l’Espace ce week-end.

La première nous vient de Pékin. Les Chinois ont (comme attendu) envoyé avec succès la capsule Shenzhou 7 en orbite vendredi 25 septembre et le taïkonaute Zhai Zhigang a effectué sa sortie extravéhiculaire de 15 minutes samedi. Le drapeau rouge étoilé a enfin flotté pour la première fois dans l’espace et préfigure les prochaines étapes du programme d'exploration chinois qui devrait les emmener sur la Lune d'ici la fin de la prochaine décennie.



C'est certes un exploit des Chinois, mais celui peut paraître (en apparence et pour les non-experts) assez décevant si on le compare par exemple à la première sortie extravéhiculaire américaine, c'était Ed White à bord de Gemini 4 en 1965. Ed White était sorti beaucoup plus loin de la capsule (il a d'ailleurs eu du mal à revenir tellement l'expérience était grisante) alors que le taïkonaute n'a pas enlevé le bras de la capsule.




Il y a plusieurs façons d'interpréter cet exploit aux apparences peu démonstratives. La plus simpliste consisterait à se dire que les Chinois sont toujours très en retard par rapport aux Américains. Un tel raisonnement est certainement erroné. Les Chinois dispose d'une technologie extrêmement sophistiquée, mais ils n'ont aucun intérêt à dévoiler ouvertement là où ils en sont. Le retour sur la Lune est un incroyable jeu de poker, et les Chinois appliquent à la lettre le principe des 24 stratagèmes élaboré par Deng Xiaoping pour la conduite des affaires et de la diplomatie : « Observer calmement, sécuriser notre position, s’occuper des affaires calmement, dissimuler nos capacités et attendre notre temps ; être bon à maintenir un profil bas et ne jamais s’octroyer le pouvoir. » La suprématie des Chinois éclatera sur la Lune et les Américains n'auront rien vu venir.

La deuxième bonne nouvelle vient de l’atoll de Kwajalein dans l’océan Pacifique où la société SpaceX a réussi le lancement de sa fusée Falcon 1.

SpaceX a été fondée par Elon Musk, un entrepreneur de génie de la Silicon Valley qui avait fait fortune en créant PayPal (le système de paiement électronique) et en le revendant à Ebay. Depuis 2002, Elon Musk a investi ses économies et surtout son intelligence pour prouver qu’il existait une alternative aux grandes spatiales gouvernementales et surtout réduire drastiquement le coût d’accès à l’espace, coût qui n’a presque pas baissé depuis 30 ans. Elon Musk et ses ingénieurs ont dont mis au point une nouvelle fusée (Falcon) et un nouveau moteur (Merlin) à bas prix. Après seulement trois essais infructueux, ils ont réussi leur pari. On souhaite longue vie à SpaceX et à ses projets.

Elon Musk n’est pas seul, mais fait partie d’une nouvelle génération de « space entrepreneur ». Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon.com, a aussi lancé sa propre compagnie, Blue Origin, qui développe dans le plus grand secret une étonnante capsule à décollage vertical dont vous pourrez visionner les rares images ci-dessous.


Bigelow Aerospace, compagnie fondée par Robert Bigelow (le patron de la chaîne d’hotels Budget aux Etats-Unis), projette pour sa part d’envoyer des structures gonflables en orbite qui pourraient servir d’hôtels.

Il y a évidemment enfin Richard Branson, qui a fondé Virgin Galactic. Leur vaisseau SpaceShipTwo pourra emmener (peut-être dès l'année prochaine ou la suivante) de riches Terriens en orbite pendant une heure et demi. Ils pourront admirer notre belle planète depuis l’espace.

Bravo à tous ces entrepreneurs d'un genre nouveau qui permettront la poursuite du rêve spatial.

mercredi 3 septembre 2008

Shenzou VII


Comme évoqué dans précédents posts, le programme spatial Chinois est extrêmement actif. Les Chinois viennent même d'annoncer qu'ils avanceraient de près d'un mois la mission Shenzhou VII, prévue initialement courant octobre 2008. Celle-ci aura lieu entre le 17 septembre (fin des Jeux paralympiques de Pékin) et le 1er octobre, la fête nationale chinoise (célébrant l'anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine par Mao en 1949). Cette mission enverra 3 taïkonautes en orbite et ceux-ci effectueront la première sortie extravéhiculaire chinoise (cf. photo de l'entraînement ci-dessus), mise en scène lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux le 8 août dernier. 
Elle fait suite aux missions Shenzou V en 2003 qui avait vu l'envoi du premier taïkonaute Chinois en orbite (Yang Liwei), la mission Shenzou VI en 2005 durant laquelle deux taïkonautes sont restés en orbite pendant 5 jours, et Chang'E-1  sonde robotisée en orbite autour de la Lune. Les Chinois sont très discrets sur le contenu de chaque mission (ci-dessous les rares images officielles ramenées par Chang'E-1), mais elles ont toutes pour but ultime d'envoyer des taïkonautes sur la Lune... avant les Américains.

Pour vous donner une idée de l'importance de ces programmes, voici une retransmission du décollage de Chang'E-1, images auxquelles on était plus habituées en anglais, russe ou français ! 


Toutes les missions s'inscrivent dans le cadre du Chinese Lunar Exploration Program. Shenzou VII : nouvelle pression sur les Etats-Unis qui s'apprêtent à élire leur nouveau président !

dimanche 10 août 2008

Taïkonautes et Jeux Olympiques


La cérémonie d'ouverture des Jeux de Pékin, placée sous le signe de l'harmonie, a été l'occasion d'une extraordinaire démonstration de soft power par la Chine. Dans un spectacle résolument tourné vers l'avenir (l'embrasement du stade en nid d'oiseau imaginé par le tandem suisse Herzog & de Meuron en est la manifestation la plus incroyable), Pékin a surtout rappelé aux milliards de téléspectateurs son histoire quatre fois millénaire, les inventions dont les Chinois sont à l'origine (poudre, imprimerie, papier, astronomie, arts martiaux...) et que sa population gigantesque était bien là (à travers des tableaux mettant en scène des milliers de figurants). 
L'ensemble orchestré par le réalisateur Zhang Limou (Steven Spielberg, qui a longtemps été consultant pour cette cérémonie, a jeté l'éponge en février à cause de l'évolution de la situation au Tibet) était en apparence très pacifique, à l'exception des levers de drapeau énergiquement effectués par les soldats de l'Armée Populaire de Libération (la plus grande du monde). Un autre détail minutieusement réfléchi a été introduit par les Chinois : l'évocation du programme spatial chinois par un taïkonaute sur fond de stade étoilé. 

L'image de cet homme en scaphandre pendu au dessus du stade a paru sympathique aux commentateurs du monde entier. Pour les spécialistes du secteur spatial, il fallait le voir surtout comme la bande-annonce d'un événement qui fera la couverture de tous les magazines au mois d'octobre 2008. La Chine finalise en effet la préparation de la mission Shenzou 7 qui enverra 3 taïkonautes en orbite (seuls 2 avaient embarqué à bord de Shenzou 6) mais surtout verra la première sortie extra-véhiculaire chinoise. 
Cette manoeuvre spectaculaire (ci-dessous Ed White qui a effectué la première EVA américaine en 1965) et complexe est un élément important pour la maîtrise du vol orbital, la dernière étape sera atteinte avec le vol Shenzou 8 où les Chinois essaieront de réussir un rendez-vous orbital. 

Le taïkonaute Yang Liwei, qui avait été en 2003 avec Shenzou 5 le premier chinois en orbite, fait partie des six astronautes sélectionnés pour potentiellement participer à cette mission. Véritable Gagarine chinois, le régime de Pékin ne devrait pas se priver de la participation de ce héros, qui fut d'ailleurs le premier à porter la torche olympique lors de son arrivée à Pékin le 6 août dernier.
Le tour du stade effectué le champion Li Ning suspendu à un filin pour allumer la flamme olympique, constituait une dernière piqûre de rappel. Georges W. Bush, qui tient beaucoup à la suprématie américaine, dans l'espace a dû bien recevoir le message.
 
Le réalisateur Zhang Limou a en tout cas parfaitement accompli sa mission et il est maintenant clair pour tout le monde que la Chine sait faire autre chose que fabriquer des jouets en plastique ! Yang Liwei sera là pour nous le rappeler en octobre.