lundi 6 décembre 2010
Siècle bleu sélectionné pour le prix du livre numérique de L'Express
dimanche 5 décembre 2010
Deux exemplaires de Siècle bleu à gagner sur le Réseau Cétacés
C’est une heureuse coïncidence car c’est grâce au Réseau Cétacés que j’ai découvert l’existence des massacres des dauphins à Taiji en 2004 et j’avais été profondément scandalisé. En 2004, j’avais répondu à leur appel et j’étais allé manifester devant l’Ambassade du Japon à Paris en septembre 2004. Afin de faire connaître ce scandale, j’avais aussi décidé à la même époque que ce serait la scène d’ouverture de mon roman Siècle bleu qui était en gestation et qui mettait en scène l’organisation éco-activiste Gaïa (inspirée entre autres de Sea Shepherd). Finalement dans la version finale, la scène du massacre est précédée d’un prologue et se trouve au début de la première partie du livre. Vous pouvez lire la scène de Taiji en intégralité ici ainsi que la scène où le gouvernement japonais réagit aux actes de Gaïa.
Au moment où Siècle bleu est sorti (avril 2010), le massacre était bien plus médiatisé qu’il ne l’était en 2004, grâce notamment à The Cove, le documentaire de Ric O’Barry qui remporta l’Oscar du meilleur documentaire en 2010. Malgré cela, des dizaines de dauphins sont abbatus et sans l’intervention quotidiennes des observateurs des ONGs des milliers de dauphins seraient encore exterminés chaque année. Il y a donc du progrès mais il faut maintenir la pression médiatique et développer une industrie touristique d’observation des cétacés pour compenser les pertes des pêcheurs.
A propos de Réseau Cétacés
Vous pouvez retrouver le réseau cétacés :
- Sur Internet : http://www.reseaucetaces.fr
- Sur Facebook : http://www.facebook.com/group.php?gid=44951828209&v=info
Réseau-Cétacés est aujourd’hui l'une des principales sources d'informations mise à la disposition du public concernant les Cétacés. Scientifiques, étudiants, associations, pouvoirs publics, médias, personnalités du monde de la mer et passionnés de toutes sortes font partie de ce réseau.
Sur le site, découvrez l'actualité des Cétacés dans le monde, l'environnement marin, l'éco-tourisme, les publications scientifiques… Mais également les offres d'emplois et de stages, une bibliographie exhaustive, l'agenda des conférences et événements artistiques, les coordonnées de nos homologues français et internationaux…
En plus de sa mission d'information, Réseau-Cétacés s'implique également de manière active dans la protection des Cétacés, et ce par le biais d'un travail en collaboration avec le monde entier destiné à faire rebondir l'information et à mobiliser le public.
En particulier, le Réseau Cétacés est engagé ces derniers temps sur la protection des globicéphales qui font aussi l’objet de massacres sanguinaires aux îles Féroë. Ils ont développé un programme d’adoption / parrainage de dauphins sauvages ((adoption 5 euros/mois – parrainage 30 euros). 25% de l'argent collecté est reversé au « Fonds de soutien au développement du whale-watching aux Iles Féroé » créé par RC. Ce fonds a pour objectif d'assister financièrement les futurs entrepreneurs qui souhaiteront développer des excursions en mer à la rencontre des dauphins le long du littoral féroïen comme cela se fait ailleurs avec succès notamment aux Canaries.
Quelques liens utiles:
- Le Cétacé mystère du mois de novembre: http://www.reseaucetaces.fr/archive/2010/11/01/3966.aspx
- Fonds de soutien au développement du whale-watching aux Iles Féroé: http://www.reseaucetaces.fr/archive/2010/11/17/4019.aspx
- Catalogue RC: http://www.reseaucetaces.fr/archive/2010/11/21/4035.aspx
- Programme « Adopter/parrainer un dauphin » : http://www.reseaucetaces.fr/category/27.aspx
mardi 16 novembre 2010
Ma Collection du Petit Prince
lundi 1 novembre 2010
Un système qui ne peut répondre au défi environnemental
Dominique Bourg a donné dans le monde une interview au Monde qui résume parfaitement les défis de ce "Siècle bleu"... A méditer et à prolonger. Je vous conseille également la lecture de son article "L'éco-scepticisme et le refus des limites" paru dans le numéro de juillet-août 2010 de la revue Etudes.
Dominique Bourg : "Un système qui ne peut répondre au défi environnemental"
Le Monde | 30.10.10 | 13h36
Professeur à la faculté des géosciences et de l'environnement de l'université de Lausanne, Dominique Bourg vient de publier, avec Kerry Whiteside, professeur de sciences politiques au Franklin and Marshall College de Pennsylvanie, un essai intitulé Vers une démocratie écologique (Seuil, 106 pages, 11,50 euros). Les deux chercheurs y expliquent pourquoi, à leurs yeux, nos institutions politiques sont inaptes à régler les grands problèmes environnementaux de la planète et doivent être refondées.
"Les dégradations que l'humanité inflige aujourd'hui à la biosphère sont sans précédent", écrivez-vous. Toute l'histoire de l'humanité, de la vie même, n'est-elle pas faite de crises et de bouleversements de la nature ?
La Terre a connu des changements brutaux. Mais la situation actuelle n'a aucun antécédent. D'une part, l'humanité bouscule les mécanismes régulateurs de la biosphère, autrefois hors d'atteinte. De l'autre, elle est confrontée à un problème de ressources qui devient sévère.
Les deux préoccupations majeures sont le changement climatique et l'accélération du rythme de l'érosion de la diversité des espèces. Nous agissons à très grande échelle sur le système climatique, avec 40 % de CO2 dans l'atmosphère de plus qu'au début de l'ère industrielle, et les climatologues nous disent qu'aller au-delà d'un réchauffement de 2° C, ce serait ouvrir une boîte de Pandore, libérant une série de rétroactions qui nous feraient dériver vers des températures difficilement supportables par l'espèce humaine.
S'agissant de la biodiversité, des espèces ont certes disparu chaque fois que les hommes ont investi des territoires nouveaux. C'est ce que le biologiste américain Edward Osborne Wilson appelait les "disparitions coup de marteau". Mais aujourd'hui, il s'agit d'une "disparition holocauste". Nous entrons probablement dans la sixième extinction et celle-ci, extrêmement rapide, nous est totalement imputable.
Dans le même temps, nous nous heurtons aux limites des ressources de la biosphère : ressources énergétiques, minérales, biotiques, et, à l'échelle locale, en eau douce. Un seul exemple : les ressources halieutiques sur lesquelles nous avons opéré une razzia. Nous avons vidé les mers.
Indépendamment de leur ampleur inédite, en quoi ces problèmes environnementaux sont-ils radicalement nouveaux ?
D'abord, ils ne sont plus locaux, mais transfrontaliers et, pour certains, globaux. Le changement climatique, l'acidification des océans, l'érosion de la biodiversité... sont des problèmes planétaires, à l'interface entre l'humanité et la biosphère. C'est une situation totalement originale.
Ensuite, à la différence des pollutions traditionnelles, les grandes menaces actuelles sont invisibles. Ni le changement de la composition chimique de l'atmosphère, ni l'accélération de la perte de biodiversité, ni les micropolluants de l'air ou de l'eau ne sont accessibles à nos sens.
A l'invisibilité s'ajoute l'imprévisibilité. Aucun des grands problèmes écologiques apparus dans la seconde moitié du XXe siècle n'a été anticipé. Découvrir, avec l'effet de serre, que ce qui a assuré notre confort compromet tous les acquis de la saga du progrès et menace notre propre avenir a été une surprise complète.
De plus, la temporalité des atteintes à l'environnement a changé. Il existe un effet d'inertie qui fait que le temps de réponse des écosystèmes aux dégradations qu'on leur inflige est extrêmement long. Et une irréversibilité : une fois qu'on a changé un état de l'atmosphère ou des océans, on n'a aucun moyen de revenir en arrière.
Enfin, les problèmes écologiques ne peuvent plus être réduits aux seules pollutions. Elles n'en représentent qu'une petite composante et, alors qu'on peut y trouver des parades techniques, les deux grandes questions auxquelles nous devons faire face - celle des perturbations de la biosphère et celle des ressources - ne relèvent pas de solutions techniques seules.
Selon vous, les démocraties ne répondent pas à ces exigences et sont donc impuissantes à résoudre les grands problèmes écologiques. Pourquoi ?
Dans son principe même, la démocratie représentative suppose que les élus repassent régulièrement devant leurs électeurs pour rendre compte de leur action. In fine, l'individu est donc le seul juge des politiques publiques et de son bien-être. Or les problèmes environnementaux échappent au jugement individuel spontané. En outre, les élus sont portés à défendre les intérêts d'électeurs particuliers, et non des intérêts globaux.
Autre difficulté : on nous a mis dans la tête depuis soixante ans que l'enrichissement matériel est la clé du bien-être, alors que nous avons aujourd'hui la nécessité de produire et de consommer moins, ce qui ne veut pas dire qu'on sera moins heureux.
Enfin, nos démocraties accordent une prime au court terme : elles ont beaucoup de mal à prendre en compte les intérêts du futur quand ils paraissent en contradiction avec ceux du présent. Pour toutes ces raisons, notre système souffre d'une incapacité politique structurelle à répondre aux défis environnementaux.
Par quel autre système le remplacer ?
Il ne s'agit pas de l'abroger, mais de l'enrichir. L'enjeu est de trouver une articulation entre le citoyen, le savant et le politique. Sur les questions environnementales, la connaissance scientifique doit être au coeur du système décisionnel - sans verser dans une "expertocratie" - et la société civile impliquée. Rien ne doit être décidé sans participation citoyenne.
Nous proposons deux objectifs constitutionnels nouveaux, stipulant que l'Etat, dont la mission est de préserver l'intérêt fondamental de la nation, doit veiller à la sauvegarde du bien commun que constitue l'équilibre de la biosphère, et que la finitude des ressources naturelles impose une gestion concertée, à l'échelle internationale.
Une "académie du futur", composée de chercheurs internationalement reconnus, aurait pour charge d'exercer une veille sur l'état de la planète et d'éclairer les décisions politiques. A ses côtés, un nouveau Sénat, formé pour deux tiers au moins de personnalités qualifiées - proposées, par exemple, par les organisations non gouvernementales environnementales - et pour un tiers de citoyens, aurait pour rôle d'élaborer, en amont de l'Assemblée nationale, les grands mécanismes législatifs, par exemple fiscaux, permettant de répondre aux nouveaux objectifs constitutionnels. Ce Sénat pourrait, avec l'aval de conférences de citoyens, opposer son veto aux propositions de loi contraires à ces objectifs.
Qu'attendez-vous de cet appel à une refondation politique ? Souhaitez-vous peser sur l'élection présidentielle de 2012 ?
Nous mettons des propositions sur la place publique. Elles vont être passées au crible et enrichies par un panel d'experts que nous allons mettre sur pied avec la Fondation Nicolas-Hulot. Si des responsables politiques veulent s'en emparer, tant mieux ! Notre désir est de nourrir le débat public, et la présidentielle de 2012 offre une occasion de le faire.
Propos recueillis par Pierre Le Hir.
vendredi 22 octobre 2010
Tragédie des biens communs dans un monde fini
L’idée que nous vivons dans un monde fini m’obsède. Elle est d’ailleurs la clef de voûte du projet Siècle bleu : ce siècle sera celui du monde fini, face à cela l’humanité a le choix d’apprendre à vivre avec les limites de notre monde avec tout ce que cela implique comme changements (option dite "siècle bleu") ou bien basculer dans le chaos (cf. Genèse de Siècle bleu).
L’humanité tâtonne et n’a pour l’instant pas réussi à trouver un mode de gouvernance et une organisation économique qui permettent de gérer la pénurie à venir des différentes ressources naturelles. Si rien n’est fait, nous serons victimes inéluctablement de ce que l’économiste Garreth Hardin appelait la Tragédie des biens communs (tragedy of commons) dans un article célèbre paru en 1968 dans la revue Science (l’article est disponible intégralement et gratuitement).
Le texte original de Garrett Hardin décrit comment l'accès libre à une ressource limitée pour laquelle la demande est forte mène inévitablement à la surexploitation de cette ressource et finalement à sa disparition. Chaque individu ayant un intérêt personnel à utiliser la ressource commune de façon à maximiser son usage individuel, tout en distribuant entre chaque utilisateur les coûts d'exploitation, est la cause du problème.
L’économie de marché qui domine le monde contemporain accélérera ce processus, car elle n’offre pas de rétroactions permettant de gérer la pénurie, la hausse des prix (rétroaction prévue par le marché) n’intervenant bien souvent que trop tard ou jamais. On le voit par exemple pour l’exploitation des stocks de poisson qui s’écroulent en silence. La morue d'Atlantique n'a pas été secourue par le marché (qui se contente aussi bien de colin ou d'une autre espèce), elle a disparu. On le voit plus généralement dans la biodiversité à laquelle l’économie traditionnelle ne donne pas de prix. Le rapport Sukhdev présenté mercredi au sommet international sur la biodiversité qui se tient à Nagoya (Japon) sous l'égide de l'ONU (qui a déclaré 2010 Année Internationale de la biodiversité), nous a rappelé que les services rendus par la nature étaient chiffrables à 23 500 milliards de dollars, soit la moitié du PIB mondial. A nouveau, je ne suis pas sûr qu'intégrer cela artificiellement dans l'économie de marché, comme cela a été le cas avec le CO2, changera quelquechose. Le problème est l'état d'esprit et Einstein disait bien : "Aucun problème ne peut être résolu, sans changer l'état d'esprit qui l'a engendré".
Si la disparition d’espèces animales ou végétales n’émeut pas outre mesure nos décideurs, la pénurie d’autres ressources provoque en revanche un grand stress. On le voit en ce moment en France avec la grève des dépôts de carburant qui préfigure d'ailleurs l’avenir proche si rien n’est fait pour développer des alternatives aux énergies fossiles (et surtout une réduction massive de la demande énergétique). Mais ces alternatives elles-mêmes vont buter sur la finitude d’autres ressources. Prenons par exemple, les voitures électriques (le mieux évidemment étant de n’avoir pas de voitures) qui requièrent du lanthane pour les accumulateurs ou bien les éoliennes qui nécessitent 600 kilos de néodyme pour leurs aimants.
Le lanthane et le néodyme font malheureusement partie de ce que l’on appelle les « terres rares » (ou « métaux rares ») dont 96% de la production est assurée par la Chine et qui sont utilisées dans toutes les industries de pointe (comme l'aéronautique, la défense ou l'électronique).
Ces mystérieux éléments chimiques font depuis un an les titres des journaux car la Chine s’en sert comme d’une arme diplomatique. L’an dernier elle a réduit de 30% ses exportations de terres rares et elle vient d’annoncer une nouvelle réduction de 40%. Officiellement la Chine souhaite d’abord satisfaire sa demande intérieure en plein essor et réorganiser cette filière (qui comportait 130 acteurs épars et que la Chine veut réduire à 3 ou 4). Officieusement, suite à la collision entre un bateau des gardes-côtes japonais et un navire de pêche chinois au large des îles Senkaku (pour les Japonais, les îles étant appelées Diaoyu côté chinois), revendiquées par les deux pays, elle a fait comprendre au Japon sa dépendance des exportations chinoises. Et depuis récemment, c’est les Etats-Unis qui en font les frais (suite à une plainte déposée auprès de l’OMC pour subventions illicites au secteur des énergies renouvelables). Il n’est pas la peine de préciser que les cours de ces métaux ont explosé.
Pour résoudre la tragédie des communs il y a habituellement plusieurs solutions : la nationalisation de la ressource ou l’intervention des pouvoirs publics pour en réguler la consommation. Le problème est qu’ici on parle de ressources dispersées (inégalement) à travers le globe et la nationalisation par l’ONU n’est pas envisageable, pas plus que la régulation qui nécessiterait encore l’organisation de « grands machins » comme le sommet de Copenhague qui dureront un temps infini et ne serviront qu’à montrer la faible cohésion des humains entre eux. Les ressources finies feront donc l’objet d’armes diplomatiques pour ceux qui les possèdent et éveilleront les convoitises des pires mafias. Il faut bien l’avoir en tête pour préparer la transition. A cela, on ne peut qu’essayer de se ramener au bon sens, très bien résumé par ce poème indien :
Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière asséchée, le dernier poisson pêché, l'homme s'apercevra que l'argent n'est pas comestible.