mercredi 21 avril 2010

Eyjafjallajökull, le nouveau maître du bleu


On a beaucoup parlé des conséquences économiques et humaines de l’éruption de ce volcan islandais mais pas assez de la magnifique performance artistique qu’Eyjafjallajökull nous a offerte.


Fait rare, depuis samedi dernier un grand ciel bleu surplombe Paris. Les cendres auraient-elles chassé les nuages ? En tout cas, elles ont chassé les avions. Pour la première fois depuis ma naissance, et pendant quatre jours, j’ai pu admirer cette toile bleue, immaculée, signée d'un fin croissant de Lune. Yves Klein, le maître du bleu, doit jubiler dans sa tombe, lui qui lors d’une belle journée de 1946, bien avant le développement vertigineux de l'aviation civile, avait écrit : ce jour-là, alors que j’étais étendu sur la plage de Nice, je me mis à éprouver de la haine pour les oiseaux qui volaient de-ci de-là dans mon beau ciel bleu sans nuage, parce qu’ils essayaient de faire des trous dans la plus belle et la plus grande de mes œuvres.


Ce matin, à mon tour, ce sont les avions que je me suis mis à haïr. Le ciel était de nouveau lacéré, strié, souillé, déchiqueté, par les traînées odieuses de ces oiseaux de métal. La victoire de Lucio Fontana sur Yves Klein.


Aucun commentaire: