Pour ceux qui avaient raté les précédents épisodes, voici un petit résumé. Obama a toujours été, depuis son élection et même pendant sa campagne, très opposé au programme Constellation initié par Bush. Constellation, lancé en 2004 pour redonner un objectif à la NASA après l’accident de Columbia en 2003. La commission Columbia avait indiqué que la routine dans laquelle la NASA s'était inscrite était en partie responsable de l'accident. Il fallait lui donner une nouvelle ambition. Constellation devait donc ramener les Américains sur la Lune d’ici à 2020 pour y installer une base, étape importante avant le grand saut vers Mars. Ce programme n’a jamais eu les crédits nécessaires mais la NASA était parvenue quand même à avancer. En février dernier, Obama a décidé de mettre fin à Constellation (cf. le post L’arrêt du programme Constellation) sans vraiment donner d’objectifs clairs à la NASA pour le remplacer. Les critiques ont été très nombreuses et la dernière en date est cette lettre adressée le 14 avril par Neil Armstrong et deux autres astronautes du programme Apollo à Barack Obama (reproduite en fin de post).
Le discours prononcé le 16 avril à Cap Canaveral était supposé amener de la matière à ce nouveau programme mais, à mon humble avis, il n’en est rien (l’intégralité du discours est disponible sur le site du New York Times). Une phrase de son discours montre bien pour moi à quel point Obama se moque de l’espace.
In the years that have followed, the space race inspired a generation of scientists and innovators, including, I'm sure, many of you. It's contributed to immeasurable technological advances that have improved our health and well-being, from satellite navigation to water purification, from aerospace manufacturing to medical imaging. Although, I have to say, during a meeting right before I came out on stage somebody said, you know, it's more than just Tang -- and I had to point out I actually really like Tang. (Laughter.) I thought that was very cool.
En lisant cette blague de mauvais goût, je me demande si au fond de lui-même Obama pense que le programme spatial a amené autre chose que le Tang, cette boisson infâme aux vertus cancérigènes…
Pour montrer que tous les vétérans d’Apollo ne partagent pas la vision de Neil Armstrong, Obama était accompagné de Buzz Aldrin. Concrètement les budgets de la NASA ont été maintenus et même légèrement augmentés, la Station spatiale internationale sera maintenue au-delà de 2020 et Obama a donné deux objectifs lointains et flous : envoyer un équipage se poser sur un astéroïde et aller se poser sur Mars d’ici 2035, soit dans 25 ans. D’ici là, il n’y a de calendrier précis, à part la mise au point d’ici cinq ans d’une nouvelle fusée mastodonte (dont tout programme extraorbital a besoin) dont la décision de construction reviendra au prochain président américain. De nombreux spécialistes du spatial affirment qu’un vol vers Mars sans étape lunaire est voué à l’échec.
Le secteur spatial fait partie de ces secteurs où les programmes s’étalent sur une ou plusieurs décennies et pour lesquels il est nécessaire d’avoir une vision et une ambition très forte au départ qui s’accompagnent d’un agenda précis. En renonçant à Constellation, Obama déboussole la NASA. Par ailleurs l’absence d’objectifs clairs empêchera l’émergence d’une nouvelle ferveur à la NASA et chez ses partenaires privés, conduisant inéluctablement à une gabegie. Pas de doutes que les Chinois sauront tirer partie de cette vulnérabilité.
En avril 2001, l'astronaute Patrick Baudry avait publié un excellent livre, Le rêve spatial inachevé, où il incitait les politiques à se réapproprier le spatial et à lui donner une nouvelle ambition. Grâce à Obama, pendant des décennies l'humanité sera confinée à orbiter à 400 kilomètres autour de la Terre. Constantin Tsiolkovski, le père de l'astronautique moderne, avait dit en 1911: "La Terre est le berceau de l'humanité mais on ne passe pas sa vie dans un berceau". Où est passé ce rêve spatial ? Où est passée la vision imaginée par Stanley Kubrick ? Le vingt-et-unième ne ressemble au rien aux espoirs que l'on avait placé en lui. A moins bien sûr que les Chinois relèvent ces défis abandonnés par les Etats-Unis.
Lettre à Barack Obama de Neil Armstrong, James Lovell et Eugene Cernan
"The United States entered into the challenge of space exploration under President Eisenhower’s first term, however, it was the Soviet Union who excelled in those early years," the letter begins."Under the bold vision of Presidents Kennedy, Johnson, and Nixon, and with the overwhelming approval of the American people, we rapidly closed the gap in the final third of the 20th century, and became the world leader in space exploration. ...
"When President Obama recently released his budget for NASA, he proposed a slight increase in total funding, substantial research and technology development, an extension of the International Space Station operation until 2020, long range planning for a new but undefined heavy lift rocket and significant funding for the development of commercial access to low earth orbit.
"Although some of these proposals have merit, the accompanying decision to cancel the Constellation program, its Ares 1 and Ares V rockets, and the Orion spacecraft, is devastating.
"America’s only path to low Earth orbit and the International Space Station will now be subject to an agreement with Russia to purchase space on their Soyuz (at a price of over 50 million dollars per seat with significant increases expected in the near future) until we have the capacity to provide transportation for ourselves. The availability of a commercial transport to orbit as envisioned in the President’s proposal cannot be predicted with any certainty, but is likely to take substantially longer and be more expensive than we would hope.
"It appears that we will have wasted our current ten plus billion dollar investment in Constellation and, equally importantly, we will have lost the many years required to recreate the equivalent of what we will have discarded.
For The United States, the leading space faring nation for nearly half a century, to be without carriage to low Earth orbit and with no human exploration capability to go beyond Earth orbit for an indeterminate time into the future, destines our nation to become one of second or even third rate stature. While the President's plan envisages humans traveling away from Earth and perhaps toward Mars at some time in the future, the lack of developed rockets and spacecraft will assure that ability will not be available for many years.
Without the skill and experience that actual spacecraft operation provides, the USA is far too likely to be on a long downhill slide to mediocrity. America must decide if it wishes to remain a leader in space. If it does, we should institute a program which will give us the very best chance of achieving that goal.
Neil Armstrong – Commander, Apollo 11
James Lovell – Commander, Apollo 13
Eugene Cernan – Commander, Apollo 17
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