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jeudi 16 septembre 2010

Space Invaders


J’aime les grandes villes, et par-dessus tout, j’aime l’art dans les rues. Qu’il soit officiel comme à Chicago où les mosaïques de Chagall côtoient les statues de Dubuffet, le haricot d’Anish Kapoor les mobiles de Calder, les arches de Bernar Venet ou les vaches multicolores d’une des premières cow parade (en 1999, une des 4 années où j’habitais là-bas, cf. le post Chicago vu du Ciel). Ou qu’il soit clandestin. Pour moi, tags, graphs et autres compositions éphémères sont les peintures rupestres du XXIème siècle et participent à rendre nos villes vivantes, plus belles, plus agréables.


Parmi ces artistes « de l’ombre », il y en a un dont la démarche et les réalisations me réjouissent plus que tout : Invader. Depuis 1998, Invader sillonne de façon anonyme Paris et laisse sur les murs ses petites mosaïques colorées reproduisant les vaisseaux du jeu vidéo Space Invaders, qui fut le compagnon de mon enfance derrière ma console Atari.


Ses mosaïques sont belles, drôles et touchantes. Jamais elles ne déparent dans leur environnement. Ce n’est en aucun cas du vandalisme. C'est de l'Art. Lorsque j’en découvre encore une nouvelle à Paris, par hasard en levant les yeux, cette rencontre du troisième type me procure un bonheur subtil. Ses mosaïques sont de petits intermèdes poétiques qui réchauffent le cœur dans ce monde noir, qui nous rappellent que nous devons relativiser, ne pas nous prendre au sérieux. Elles participent au réenchantement du monde. Lors de déplacements à Londres, Lyon, Amsterdam ou Barcelone, j’ai aussi eu la chance de croiser certaines de ces mosaïques. Invader est en effet un planificateur et il a pour ambition d’en recouvrir la planète. Il doit déjà avoir « envahi » une trentaine de villes. Son site Internet, donne l'avancement de son grand oeuvre.


Je viens à ce titre de faire l’acquisition d’un livre illustré magnifique, L"invasion de Paris, publié en 2009, qui répertorie l’ensemble des « invasions » d’Invader à Paris. Si vous êtes fan d'Invader, c'est le guide ultime pour s'organiser des visites "décalées" des vingts arrondissements de Paris. Dans la courte interview qu'il accorde dans le livre, une réponse m'a particulièrement émue :


Quel est le lieu le plus insolite que vous aimeriez envahir ?

La lune... oui, la lune serait vraiment un bon spot.


Je lui souhaite d'y parvenir !!


Dans la nuit du 21 février 2009, il a posé quelque part sur l’autoroute A3 le 763e Space Invaders Parisien. Et à cette occasion, il était filmé par l’équipe du site Extermitent. Si vous ne connaissez pas Invader, la vidéo montre tout le processus de la conception jusqu’à la pose, en passant par l’intervention des policiers… qui ne l’embarquent même plus car ils apprécient ses œuvres et son esprit. La vidéo est géniale.




Merci à Invader pour ces rayons de soleil qui me rappellent l’esprit désintéressé et sauvage des premières rave parties de mon adolescence. Techno will never die. Si chacun de nous apportait une petite touche artistique de ce type et à son échelle "ré-enchantait le monde", la révolution se mettrait en marche. Let's do it.


PS : Dans le tome 2 de Siècle bleu, il sera notamment question d’une révolution artistique, à mi-chemin entre les invasions d’Invader et la révolution bleue de ce cher Yves Klein, mon autre maître (cf. posts Bleu Klein et Eyjafjallajökull, le nouveau maître du bleu). Stay tuned !

mercredi 21 avril 2010

Eyjafjallajökull, le nouveau maître du bleu


On a beaucoup parlé des conséquences économiques et humaines de l’éruption de ce volcan islandais mais pas assez de la magnifique performance artistique qu’Eyjafjallajökull nous a offerte.


Fait rare, depuis samedi dernier un grand ciel bleu surplombe Paris. Les cendres auraient-elles chassé les nuages ? En tout cas, elles ont chassé les avions. Pour la première fois depuis ma naissance, et pendant quatre jours, j’ai pu admirer cette toile bleue, immaculée, signée d'un fin croissant de Lune. Yves Klein, le maître du bleu, doit jubiler dans sa tombe, lui qui lors d’une belle journée de 1946, bien avant le développement vertigineux de l'aviation civile, avait écrit : ce jour-là, alors que j’étais étendu sur la plage de Nice, je me mis à éprouver de la haine pour les oiseaux qui volaient de-ci de-là dans mon beau ciel bleu sans nuage, parce qu’ils essayaient de faire des trous dans la plus belle et la plus grande de mes œuvres.


Ce matin, à mon tour, ce sont les avions que je me suis mis à haïr. Le ciel était de nouveau lacéré, strié, souillé, déchiqueté, par les traînées odieuses de ces oiseaux de métal. La victoire de Lucio Fontana sur Yves Klein.


mercredi 2 juillet 2008

Bleu Klein

L'artiste Yves Klein est le maître incontesté du bleu. Ses peintures monochromes ont fait le tour de la Terre et comptent aujourd'hui parmi les oeuvres d'art contemporain les plus recherchées. Tantôt qualifié d'imposteur, tantôt qualifié de génie, ses toiles ne laissent personne indifférent. Ce bleu outremer profond et cette texture granulé qui permet de fixer les pigments (le procédé en a même été brevété par l'artiste sous le nom International Klein Blue) confère une légèreté     à ses toiles. En les admirant, le regard s'y enfonce et la rêverie commence. 
Comment Yves Klein a-t-il eu l'idée de peindre ces monochromes bleu ? Elle lui est venue sur une plage de Nice (ville de naissance de l'artiste et de l'auteur de ce blog) en 1946 alors qu'il avait seulement dix-huit ans :  "ce jour-là, alors que j’étais étendu sur la plage de Nice, je me mis à éprouver de la haine pour les oiseaux qui volaient de-ci de-là dans mon beau ciel bleu sans nuage, parce qu’ils essayaient de faire des trous dans la plus belle et la plus grande de mes œuvres."
Afin d'admirer le ciel comme Yves Klein, la Mairie de Nice a installé de magnifiques chaises bleues sur la Promenade des Anglais.