samedi 1 mai 2010

L’Enchanteur de Sadhana Forest à Haïti


Dans un précédent post (« L’enchanteur de Sadhana Forest »), je vous avais parlé de l’organisation Sadhana Forest créée par deux Israéliens, Aviram Rozin et sa femme Yorit. Avec l’aide de nombreux bénévoles, ils ont fait rejaillir en quelques années une véritable forêt sur un terrain désertique à l’extérieur d’Auroville en Inde. Mon roman Siècle bleu leur rend un modeste hommage en clin d’œil : Aviram et Sadhana Forest sont cités à la page 152 dans la bibliothèque d’Abel, le héro du livre, dans laquelle il répertorie les initiatives qui participent au réenchantement du monde.


Aviram Rozin était de retour à Paris ces derniers jours pour faire un premier retour sur son nouveau projet : « Sadhana Haïti ». La présentation a eu lieu au cirque tzigane Alexandre Romanès (situé à deux pas de la porte de Champerret à Paris). Vous pouvez visionner sur DailyMotion le film tourné par Danièle Duluc sur la soirée (traduction Caroline Guidetti).



Les photos de la soirée ont été prises par Sylvia Tostain, photographe, dont vous pourrez admirer les autres oeuvres sur son site SylviaTostain.fr


Photo Sylvia Tostain.


Alors qu’autour de nous les évènements très noirs s’accumulent, cette soirée, ponctuée par des intermèdes musicaux et acrobatiques, fut pleine de vie, d’espoir et d’émotion.



Photo Sylvia Tostain.


Aviram Rozin, qui est un véritable citoyen de la Terre, a évidemment été très affecté par le désastre qui s’est abattu sur Haïti. Sadhana a donc recherché des fonds et envoyé une petite équipe là-bas (dont sa femme et ses deux filles, la dernière n’ayant que deux ans), quelques semaines après le séisme pour aider les populations locales à faire pousser leur nourriture plutôt que de dépendre de l’aide internationale.Les locaux ont tout de suite été séduits par la démarche de Sadhana et leur ont confié un terrain vague, lavé par les pluies et sans aucune vie végétale, près d'Anse-à-Pitre, à la frontière avec la République dominicaine.


Aviram et les siens ont appliqué les principes de la permaculture (cf. mon précédent post) et ont commencé à creuser des trous et constituer de petits barrages, pour retenir l’eau et l’humidité. Ils ont ensuite effectué des plantations en forme de cercles de 1 mètre de diamètre (photo ci-dessus) : au centre quelques feuilles trouvées sur les terrains adjacents, des déjections animales et de l’urine humaine (un engrais naturel que l’on a tendance à oublier).


Véritables « Tistou les pouces verts » (le jeune héros du livre extraordinaire de Maurice Druon qui m’avait tant fait rêver dans mon enfance), au bout de quelques jours, les premières graines germaient et des pouces vertes sortaient du sol (grande émotion dans l’assemblée mardi soir en voyant les images de ces premières pousses). Après quelques semaines, tout le terrain était verdoyant


Avec Sadhana, on est loin du comportement de certaines ONG (je dis bien certaines, car la plupart des ONG font un travail admirable) qui établissent leurs campements dans de grands hôtels : Aviram et les siens sont également allés s’installer directement dans le camp de réfugiés de Petionville Club (l’ancien club de golf de Port-au-Prince qui a été réquisitionné pour accueillir les sans-abris). Un peu partout dans le camp de Petionville Club, on a vu fleurir des « plantations en cercle ». Le virus Sadhana était inoculé et une partie de la population a réappris avec des gestes simples comment s’alimenter et comment rendre viable des terres supposées perdues.


Sadhana va maintenir une présence permanente à Haïti et a négocié un vaste terrain (3000 hectares !) autour d'Anse-à-Pitre avec le gouvernement pour enclencher un vaste projet de reforestation et d'agroécologie. Aviram Rozin réfléchit à constituer une caisse permanente permettant aux équipes de Sadhana d’intervenir instantanément en cas de nouveau cataclysme. Il leur avait en effet fallu quelques semaines pour trouver les 10 000 euros nécessaires à leur projet à Haïti… vous avez bien lu, 10 000 euros puisqu’il s’agissait essentiellement de billets d’avions et d’outils. Il réfléchit également à un modèle de camp humanitaire qui intégrerait des zones agricoles pour que les populations puissent passer facilement du stade de dépendance au stade de développement autonome.


Si vous voulez aider Sadhana, sachez que votre argent sera bien utilisé et que 99% des dons iront aider directement les populations puisque l’association ne compte que des bénévoles (à part les deux fondateurs qui se versent la modique somme de 80 euros par mois). Pour vous donner un ordre d’idée, le projet à Haïti n’a coûté que 10 000 euros. Les dons peuvent être effectués sur le site français de Sadhana Forest via l’association Fotosintesia de Claire Chanut, qui fut la grande organisatrice de cette soirée.




Photo Sylvia Tostain.


Merci à Claire pour son engagement auprès de cette cause et de nombreuses autres.


Sadhana accepte des dons de toute nature et par exemple ils utilisent les semences offertes par l’association Kokopelli. Basée dans le Gard, Kokopelli sauve les semences oubliées et s’oppose au monopole de l’industrie agro-chimique. Ils ont d’ailleurs été récemment condamné par le GNIS (Groupement National Interprofessionnel des Semences).

Pour à nouveau illustrer que nous vivons dans un siècle où des initiatives admirables et d’autres très noires s’affrontent (ce qui est le thème central de Siècle bleu), Claire Chanut nous a informé que Monsanto venait d’annoncer un projet baptisé « Winner ». Soutenu par l’Ambassade américaine, il vise à offrir 475 tonnes de semences OGM (et les engrais/pesticides/herbicides associés) aux habitants d’Haïti. Une façon atroce d’exploiter la misère pour mettre la main à vie sur des "marchés" quand on sait que les semences de Monsanto ne font pas de graines et vous devez acheter chaque année de nouvelles graines. On est en plein dans ce que Naomi Klein dénonce dans La Stratégie du choc sur l’exploitation des cataclysmes par les multinationales et les apôtres de l’ultralibéralisme. C’est un nouveau séïsme qui risque de s’abattre sur Haïti et qu’il faut à tout prix empêcher.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

bonjour à vous!gérard à vu à auroville comment d'une terre aride,
les aurovilliens ont construit une forêt magnifique qui occupe tout auroville.alors? s'ils l'ont fait à auroville? ils peuvent le reproduire
là ou on les demandent.
gégé de dunkerque.France
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