mercredi 18 février 2009

La Genèse du Siècle bleu : Le portrait de Gaïa (4/7)

Voici le quatrième volet de la série "La Genèse du Siècle bleu" démarrée dimanche. Bonne lecture.

Le Portrait de Gaïa.

Apollo 8, entre la Terre et la Lune, 1968.

Depuis Magellan, beaucoup de choses se sont passées. L'Homme a découvert les lois de la gravitation, la théorie de l'évolution, la nature chaotique du psyché, le Big Bang et la structure en double hélice de l'ADN. Il a créé la machine à vapeur, le chemin de fer, le téléphone, les antibiotiques, l'avion, l'automobile, le plastique, les décharges publiques, le génocide au zyklon B, la bombe atomique, la déclaration des droits de l'Homme, le LSD, la télévision, les mégalopoles et le transistor. Mais il a surtout engagé l’exploration de l'Espace et il en a ramé quelque chose auquel il ne songeait pas du tout : le portrait de Gaïa.

Une des expériences les plus intenses offerte à l'Homme fut de pouvoir contempler la Terre depuis l'Espace. Les quelques centaines d'humains qui ont eu la chance de passer quelques jours en orbite autour de notre planète sont revenus bouleversés par ce spectacle. Ces astronautes étaient partis techniciens, pilotes, soldats, les voilà transformés à jamais en poètes. De là-haut, ils ont vu ce qu'aucun autre n'avait vu et compris le message que toutes les religions et traditions humaines s’étaient évertuées à faire comprendre. Et ce, quel que soit leur pays d’origine.


Je crois que même les plus savants des philosophes de la Renaissance et les plus audacieux esprits du passé n'auraient jamais pu estimer la taille réelle de notre planète. Longtemps, elle avait paru immense, presque infinie. C'est seulement à partir du milieu de notre siècle que l'homme, s'étant rendu dans l'espace au-dessus de la Terre, a pu se rendre compte avec surprise et incrédulité combien la Terre est en fait petite. D'aucuns ont vu en elle une île flottant dans l'infini de la création ; d'autres l'ont comparée à un vaisseau spatial peuplé d'un équipage de plus de six milliards d'hommes.

Pavel Popovitch. Ex-Union Soviétique.


J’aurais souhaité, après mon retour, que les gens me demandent comment c’était là-haut, comment je m’étais associé) cette noire brillance du monde et quelle impression cela m’avait fait d’être comme une étoile tournant tout autour de la Terre.

Reinhard Furrer – République Fédérale d’Allemagne


Je voyais la Terre depuis l’espace, si belle depuis qu’avaient disparu les cicatrices des frontières nationales.

Mohammed Ahmed Faris – Syrie.


Une petite orange bleue, tiède, vivante, fragile et seule dans l'immensité lugubre du cosmos, telle est notre demeure. Elle est un Tout dont chacune des parties est interconnectée. Chaque espèce animale et végétale, chaque bactérie, chaque minéral, chaque cellule. De là-haut, pas de frontières, pas de cicatrices balafrant son visage, juste sa beauté majestueuse que nous devons préserver à tout prix.


Quand en 1968, au retour de la mission Apollo 8, les astronautes dévoilent au public le premier cliché de Gaïa pris depuis l’espace, les hommes s'arrêtent enfin, la regardent et l’admirent. La course folle de la guerre froide apportait un miroir à Gaïa, qui put enfin se contempler à travers le regard des Hommes. Une révélation qui arrivait au moment même où l’humanité commençait à se sentir menacée. Cette photo fera le tour de la Terre et, contrairement aux exploits d’Erastothène ou de Magellan, cette fois-ci le symbole était compréhensible par tous. Le premier Earth Day suivit très rapidement en 1970, l'hypothèse Gaia fut émise par James Lovelock et les courants écologiques démarrèrent dans le monde entier pour tâcher de rétablir le contrat rompu entre l'Homme et la Nature. L'Homme venait de découvrir qu'il était l'intendant d'une petite planète et qu'il allait devoir agir en conséquence s'il voulait que la Terre reste humaine.

Ce portrait de Gaïa, il ne nous lâchera pas.


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