Le 14 janvier 2004, le président Georges W. Bush exposait devant les employés du siège de la NASA la nouvelle vision de l'exploration spatiale des Etats-Unis, probablement sa seule intervention mémorable en 8 ans de mandat. Un an après l'accident de la navette Columbia, les Etats-Unis y insistaient sur la nécessité de faire rêver la NASA et les Américains avec un grand projet que le programme de la navette n'incarnait plus. Et le programme inspiré par Bush, maintenant baptisé Constellation, ne manque pas d'ambition. Il s'agit d'établir une base humaine pérenne sur la Lune avant le grand saut vers Mars, puis vers le reste du système solaire (Moon, Mars and Beyond).
Comme dans toute aventure humaine, la ferveur est nécessaire pour maintenir les employés de la NASA au plus haut niveau de motivation et d'exigence. Par son ampleur, ce programme dépasse largement l'effort d'Apollo. Même si on en entend peu parler en France, la NASA a réagi à une vitesse incroyable et le programme est déjà bien amorcé : les grandes orientations techniques sont arrêtées (ci-dessous une simulation en images de synthèse du voyage vers la Lune prévue d'ici la fin de la décennie) et des fournisseurs ont reçu les premières commandes.
Le programme inspiré par Bush insiste sur l'importance de l'exploration du système solaire par des humains. On peut se demander quel est l'intérêt de dépenser des centaines de milliards de dollars pour concevoir des missions humaines complexes alors que le succès (et le coût) des missions robotisées et l'accident de Columbia auraient du pousser à faire l'inverse.
La réponse est à la fois biologique, scientifique, économique, géopolitique et philosophique.
- Biologique: l'exploration est dans les gènes de l'homme (Bush le rappelle dans ce discours en se référant à l'histoire de Lewis et Clark partis à la découverte du grand Ouest) et son avenir est dans les étoiles.
- Scientifique: aucun robot ne pourra ramener autant d'information qu'un humain si il s'agit d'établir par la suite une base humaine.
- Economique: la Lune possède de vastes champs d'hélium-3 (extrêmement rare sur Terre) et qui pourront servir à faire fonctionner les futurs réacteurs à fusion nucléaire.
- Géopolitique: la Chine a également annoncé un ambitieux programme lunaire et les Etats-Unis ne peuvent pas laisser aux Chinois une aussi belle vitrine.
- Philosophique: la vision de la Terre qui est offerte aux astronautes en orbite et plus loin, a le pouvoir de changer le monde.
Nous développerons dans ce blog ces différents sujets.
3 commentaires:
C'est vrai que vu d'ici, on peut se demander si l'ambition affichée dans le discours de Bush est toujours d'actualité.
Ça a l'air d'être le cas, tant mieux. Espérons que l'impulsion continue avec le prochain Président.
Les deux candidats Mc Cain et Obama vont devoir faire face à une situation budgétaire catastrophique et il est probable qu'a priori le programme Constellation en face les frais. Obama l'a même clairement dit dans son programme dans lequel il a fait savoir qu'il financerait l'éducation grâce à un décallage de 5 ans du projet Constellation (qui le tuerait de facto). Même si Mc Cain ne le dit pas aussi ouvertement, il en fera probablement de même.
L'article suivant du magazine Popular Mechanics décrit bien les positions des différents protagonistes How Clinton, Obama and McCain Could Change U.S. Space Policy
C'est une des raisons pour lesquels la NASA s'empresse d'avancer et de montrer qu'avec un budget restreint (Constellation n'a pas du tout obtenu les crédits promis initialement) ils peuvent faire de des progrès.
Personnellement, je pense que ni Obama ni Mc Cain ne pourra faire complètement machine arrière sur Constellation. Les Américains seront obligés de retourner sur la Lune pour la bonne et simple raison que les Chinois avancent avec un timing très habilement choisi sur leur programme Chang'E : juste après les Jeux Olympiques un taikonaute chinois devrait effectuer sa première sortie extra-véhiculaire au cours de la mission Shenzhou-7.
Ce sera juste au moment des élections américaines et les deux candidats auront le choix entre le mal (creuser le déficit budgétaire en rentrant dans une course à la Lune avec Pékin) ou le mal absolu (se laisser distancer par les Chinois dans l'exploration spatiale). Ils préféreront certainement le mal.
Exact. Tant que l'exploration spatiale ne sera pas immédiatement rentable, la meilleure motivation restera la concurrence.
Et s'il y a une chose que les Chinois font bien, c'est de remettre au goût du jour cette concurrence entre grandes puissances.
La différence, c'est que les Chinois ont quelque chose à prouver. Ils y mettront les moyens, ce qui obligera les Etats-Uniens à s'aligner suffisamment pour garder l'avantage.
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