mardi 17 février 2009

La Genèse du Siècle bleu : Circumnavigation (3/7)


Voici le troisième volet de la série "La Genèse du Siècle bleu" démarrée avant-hier. Bonne lecture.
Circumnavigation

Séville, 1522.


Malgré son caractère exceptionnel, la découverte d'Eratosthène n'eut quasiment aucun impact sur le mode de vie des humains, même érudits. Ils étaient bien trop occupés à subvenir à leurs besoins et à survivre dans un monde encore politiquement chaotique. Sans doute aussi, la découverte d'Eratosthène était trop abstraite pour changer quoi que ce soit.

Les premiers à en avoir véritablement saisi l'importance et les conséquences furent les souverains et les marchands. Attisées par les dimensions finalement modestes du monde, les grandes puissances se sont lancées dans la plus ample campagne d'invasion, d'exploration jamais entreprise. L’objectif était d'asseoir le plus rapidement leur suprématie commerciale, militaire et religieuse sur la plus grande partie possible du globe. Chinois ou Perses, Romains ou Vénitiens, Espagnols ou Néerlandais, Français ou Anglais, tous tentèrent leur chance.

Les innovations techniques dans le domaine de la navigation et de la cartographie permirent la découverte de nouveaux continents, la description de rivages inconnus, mais aussi de répertorier puis de décimer une multitude de peuplades et d’espèces. L'assemblage du puzzle avançait à grands pas, mais néanmoins la pièce maîtresse manquait toujours, celle qui permettrait de véritablement circonscrire le terrain de jeu.

Ce sont les dix-huit survivants de l'équipage de la Victoria qui ramenèrent le Graal. Alors que tout le monde les croyait perdus, ils remontaient glorieusement le Guadalquivir en direction de Séville. Epuisés par trois années d'errance et de souffrance, sous les ordres de ce fou illuminé qu’était Magellan, ils étaient les premiers à avoir effectué le tour de la planète, la fameuse circumnavigation. Le monde était donc bien fini et toutes les mers n'étaient qu'une seule et même mer. Après ce jour, plus rien ne sera jamais pareil. Désormais la Terre était un domaine nettement délimité et l'humanité avait conquis ce domaine.

L'enthousiasme qui accompagna la nouvelle fut général, mais pour la majorité des Hommes la Terre demeurait toujours gigantesque. Il faudra plus de quatre autres siècles de course industrielle, technologique et militaire folle pour apporter la preuve irréfutable, celle qui pouvait potentiellement conduire l’Humanité vers la Sagesse.

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