lundi 16 février 2009

La Genèse du Siècle bleu : Un puzzle finalement petit (2/7)

Deuxième volet de la série "La Genèse du Siècle bleu" commencée hier. Bonne lecture.


Un puzzle finalement petit

Alexandrie, 276 années avant notre ère.


L'Homme n'a pris conscience que récemment de la finitude des dimensions et des ressources de notre planète.


Pendant deux millions d'années, les humains ont parcouru la planète à la recherche de zones hospitalières offrant les ressources et les abris nécessaires à leur survie. Cette longue errance les a mené de l’Afrique aux quatre coins du globe. Pour chacune des hordes isolées de notre étrange espèce le monde paraissait sans limites. Ou plus exactement limité par la zone que les hommes pouvaient couvrir à pieds durant leur courte existence. Les campagnes d'exploration étaient rapidement oubliées et l'expérience acquise souvent anéantie lors des conflits entre hordes. Les différentes pièces du puzzle ne pouvaient pas s'assembler. La connaissance du milieu étant d'une importance stratégique pour leur survie, les premiers humains ont dû faire preuve d'imagination pour lutter contre l'oubli. C'est sûrement ce besoin qui motiva le développement du langage et plus généralement des traditions et de l'art (musique, chant, danse, peinture) pour la transmission et la conservation de l'expérience acquise, supports abstraits et virtuels et non plus génétiques. C'était le début de la Culture et de l'Histoire, le commencement de la Grande Epopée Humaine.


Le développement des techniques d'agriculture et d'élevage permit la sédentarisation de l'Homme et l'émergence de centres culturels et de civilisation. La connaissance précise du milieu faisait partie des richesses les plus précieuses de ces groupes : topologie, réserves d'eau et de nourriture, refuges des bêtes féroces, localisation des centres humains proches... Ces informations étaient transmises de génération en génération par voie orale, écrite ou de manière plus sophistiquée par des nombres et des cartes. Les premiers morceaux du puzzle s'assemblaient enfin.


Lors des conflits entre civilisations, l'obtention de ces données était stratégique. Sans elles impossible de régner. A chaque conquête ces données collectées et précieusement gardées changeaient de mains. L'assemblage du grande puzzle avançait. Au troisième siècle avant notre ère, un saut quantique dans la connaissance du puzzle fut accompli par Eratosthène. Géomètre et troisième conservateur de la monumentale bibliothèque d'Alexandrie, il fut un jour intrigué par de curieux rouleaux de papyrus. Le manuscrit expliquait qu'au solstice d'été un bâton planté dans la terre à Assouan (Syène à l'époque) n'avait pas d'ombre portée. Or la même expérience menée à Alexandrie par Eratosthène donnait une ombre. Par un simple calcul de trigonométrie, Eratosthène en vint à la conclusion époustouflante que la Terre était sphérique et finie et que sa circonférence avoisinait à peine les quarante mille kilomètres.


Jamais notre planète ne s'était trouvée aussi petite. Il allait pourtant falloir au moins deux autres millénaires pour en convaincre les Hommes.

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