dimanche 15 février 2009

La Genèse du Siècle bleu : Un dimanche de Pâques (1/7)

Cette semaine, je vous propose de découvrir chaque jour un des textes que j'avais écrits en 2000 à Chicago pour la célébration du Earth Day (Jour de la Terre). J'avais baptisé cette série de sept textes "Le Siècle bleu" avec l'espoir que le siècle qui venait juste de démarrer serait celui de la réconciliation des Hommes entre eux et aussi des Hommes avec la Nature... Depuis cette idée a continué à me hanter, j'ai poursuivi mes recherches pendant des années et Le Siècle bleu est devenu un roman - un thriller écologique - de 400 pages (écriture terminée fin 2008), qui verra peut-être bientôt le jour (si je trouve un éditeur ! Si d'ailleurs ce blog vous plaît et que vous avez des contacts dans ce milieu, n'hésitez pas à me contacter...).

En tout cas, vous découvrirez à travers ces textes pourquoi la prise de conscience environnementale est pour moi si étroitement liée à l'exploration spatiale, qui est peut-être la voie qui nous permettra enfin de réaliser que nous vivons dans un monde fini.

Voici donc le premier volet de cette série (à l'époque, EDF ne s'était pas encore emparé de ce mythe de l'île de Pâques que j'avais découvert en lisant Le Tour du monde d'un écologiste de Jean-Marie Pelt... depuis il y a surtout eu un chapitre magistral sur l'île de Pâques dans Effondrement de Jared Diamond).



Un dimanche de Pâques.

Ile de Pâques, 5 avril 1722.

En cette soirée du dimanche de Pâques, l'Amiral hollandais Jacob Roggeveen et son équipage accostent sur l'île qui gardera pour nom le jour de sa découverte. Les étranges statues géantes dressées sur les rivages de l'île désertique paraissent être l'œuvre d'une civilisation avancée mais les indigènes qu'ils rencontrent ne semblent pas pouvoir être les auteurs de telles merveilles. Il faudra plusieurs siècles pour percer les mystères de l'île la plus isolée de la planète. Située à quatre mille kilomètres des côtes chiliennes et de Tahiti et à deux mille kilomètres de l'île la plus proche, elle est littéralement perdue dans l'immensité de l'Océan Pacifique.


L'île fut colonisée pour la première fois au cinquième siècle de notre ère par une tribu polynésienne sillonnant le Pacifique. A leur arrivée, l'île vierge possédait une végétation et des ressources en abondance. Comme il n'était de toutes façons pas envisageable de repartir, les polynésiens s'y installèrent et rapidement l'étonnante civilisation des statues moaï prit son essor. Les habitants étaient répartis alors en trois castes : les paysans, les sculpteurs et les prêtres. Compte tenu des dimensions confortables de l'île et des ressources disponibles, les membres des différentes castes vécurent en bon ménage et la population s'accrût de manière régulière. On estime que de la cinquantaine d'arrivants initiaux, la population s'éleva jusqu'à plus de dix mille habitants au dix-septième siècle. Ce développement florissant ne se fit malheureusement pas en harmonie avec les ressources naturelles de l'île. La totalité des arbres de l'île fut abattue pour permettre l'acheminement des massives statues jusqu'au rivage, les sols dénudés furent lessivés par les pluies et il devint un jour impossible de nourrir la totalité de la population. L'absence totale d'arbres rendait impossible la construction d'embarcations et donc la fuite vers de nouveaux rivages. A l'apogée de leur civilisation, les Pascuans, prisonniers au milieu du Pacifique, venait de signer aveuglement leur arrêt de mort et celui des générations futures. Des luttes terribles explosèrent entre les paysans et les gardiens du culte moaï qui finirent par s'entre-dévorer. Le déclin total de la civilisation pascuane s'en suivit. Les statues dressées furent tour à tour couchées par les survivants souhaitant effacer cette civilisation absurde de leur mémoire. De la nature florissante, il ne restait plus qu'une île désolée. Les Pascuans étaient les premiers à comprendre la difficulté de vivre et de se développer dans un monde fini duquel on ne peut s'échapper.


Crédits Photographiques : Nathan Nelson et Magical World.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

L'île de Pâques est certainement un des premiers désastres écologiques provoqués par l'Homme.

Je viens d'aller voir ce que ça donnait sur Google Earth. C'est impressionnant, complètement désolé. les poches de verdure sont encore bien rares...

(le site est tout cassé !)

Jean-Pierre Goux a dit…

Merci de m'avoir signalé le problème. C'est réparé maintenant.